Le sort de la directrice générale d'Engie tranché jeudi

  • AFP
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La seule femme à la tête d'une entreprise du CAC 40 va-t-elle être poussée vers la sortie? Un conseil d'administration du géant de l'énergie Engie se réunit jeudi pour décider du sort de son emblématique directrice générale Isabelle Kocher, dont le départ est probable.

La réunion du comité des nominations, puis de l'ensemble du conseil, convoquée jeudi après-midi pourrait mettre fin à un feuilleton qui déstabilise le géant de l'énergie depuis des mois et qui a pris une tournure politique depuis quelques jours.

Le départ d'Isabelle Kocher est désormais très probable dans la mesure où elle fait face à l'hostilité d'une majorité d'administrateurs, a jugé une source proche du dossier.

Les administrateurs indépendants siégeant au conseil ne lui sont pas favorables, a précisé une autre source, évoquant un "problème de confiance" avec la dirigeante.

L'Etat, actionnaire à hauteur de près de 24% du groupe d'énergie, est aussi présent au conseil avec plusieurs représentants. Le gouvernement n'a pas pris position publiquement sur le sort de Mme Kocher, mais s'est bien gardé de la soutenir explicitement.

"Si ce point est à l'ordre du jour, la décision des représentants sera donnée avec primeur aux membres du conseil d'administration dans le respect bien entendu de la gouvernance", a seulement indiqué mercredi Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement.

"Les choix de gouvernance d'Engie relèvent de son CA et les décisions ne sont pas prises à l'Elysée", a-t-on fait valoir jeudi à la présidence de la République.

La décision sera prise "uniquement et exclusivement au regard de (...) critères économiques", a assuré pour sa part mardi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

L'avenir de Mme Kocher, qui figure en bonne position parmi les femmes les plus puissantes au monde selon Forbes, fait l'objet de rumeurs récurrentes depuis des mois.

"Une campagne de presse", regrette l'intéressée. "Je suis très motivée pour poursuivre ma mission", a-t-elle déclaré au Journal du Dimanche.

Une sortie qui a d'ailleurs agacé le président du conseil d'administration Jean-Pierre Clamadieu et l'a convaincu de précipiter le calendrier, estime un observateur.

L'Etat ne souhaite d'ailleurs pas que M. Clamadieu prenne la direction générale pour devenir PDG. "Nous sommes attachés à la dissociation entre les fonctions de président et les fonctions de directeur général", un principe qui vaut "même pour les fonctions d'intérim", a souligné jeudi Bruno Le Maire.

Résultats

Le dossier est aussi devenu politique depuis quelques jours, avec le soutien public affiché à la dirigeante par des personnalités de tous horizons, alors que l'Elysée se dit "surpris" de cette politisation.

Dans une tribune, des responsables politiques (Yannick Jadot, Xavier Bertrand, Anne Hidalgo, Cédric Villani...) ont plaidé pour le renouvellement de Mme Kocher, saluant notamment "sa formidable réussite" sur la question de la transition énergétique.

Le député européen du parti présidentiel LREM Pascal Canfin lui a aussi manifesté son soutien, estimant mercredi que "les résultats sont là".

L'ex-GDF Suez est engagé dans une profonde transformation depuis des années, avec un accent mis sur trois activités principales: les services énergétiques, l'électricité d'origine renouvelable ainsi que les infrastructures gazières.

Héritage du passé, le groupe est encore présent dans le nucléaire en Belgique et un peu dans le charbon, mais cherche à se désengager de cette dernière activité, très polluante.

Isabelle Kocher a aussi ces derniers mois défendu son bilan financier, arguant que le virage stratégique avait permis de renouer avec la croissance et que le cours de Bourse avait commencé à rebondir.

Derrière son cas personnel se pose encore l'avenir de l'entreprise, au moment où l'Etat s'est donné la possibilité de baisser sa participation au capital dans le cadre de la loi Pacte. L'hypothèse d'une vente des infrastructures gazières a été évoquée avant d'être démentie par Jean-Pierre Clamadieu.

Ce scénario de démantèlement avait affolé les syndicats alors que l'entreprise est déjà profondément déstabilisée par diverses rumeurs, selon plusieurs sources internes.

"Je pense que son départ, l'arrière-pensée, la manipulation qu'il y a derrière tout ça, c'est que Engie soit démantelé", a estimé président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand sur France info. "Il n'y a aucun projet de démantèlement d'Engie", a assuré Bruno Le Maire.

 

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