L'hydrogène, le remède du « en même temps » industriel et climatique d'Emmanuel Macron

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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L'hydrogène décarboné doit permettre la croissance verte du XXIe siècle, a affirmé mardi le président de la République Emmanuel Macron, qui mise sur ce gaz pour gagner "en même temps" à partir de 2030 la reconquête industrielle du pays et la bataille climatique.

En annonçant à Béziers (Hérault) que 1,9 milliard d'euros supplémentaires allaient être consacrés à cette filière dans le cadre du plan d'investissement France 2030, le chef de l'État a estimé que le développement de l'hydrogène était "une bataille pour l'industrie, pour l'écologie et pour la souveraineté".

Remplaçant le pétrole ou le charbon, l'hydrogène, en permettant à l'industrie lourde de réduire ses émissions de CO2, va "réconcilier l'aventure industrielle, la croissance, avec la décarbonation de nos économies. Le en même temps est possible", a-t-il expliqué lors d'une visite de l'entreprise Genvia.

La jeune société, née en mars 2021 et vue comme une "pépite d'avenir", est issue de la recherche publique (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives) et du groupe parapétrolier Schlumberger. Elle développe, avec une quarantaine de brevets déposés, des électrolyseurs haute température permettant de produire de l'hydrogène à partir de la molécule d'eau (H20), mais aussi de l'électricité à partir d'hydrogène, avec une efficacité supérieure à celle des procédés déjà existants.

Lors de sa visite, le président a annoncé aux salariés que la société avait été sélectionnée par l'Union européenne dans le cadre de ses programmes IPCEI (Projet important d'intérêt européen commun), qui lui permettront de recevoir une aide spécifique de 200 millions d'euros. "C'est un tout nouveau continent qui s'ouvre devant nous", a ajouté M. Macron, qui voit la France du milieu du XXIe siècle comme un pays de production d'hydrogène décarboné, une nouvelle source d'énergie qui remplacera le pétrole, notamment pour l'industrie lourde.

« Construire la souveraineté » énergétique

"Si nous savons être des leaders de la production de l'hydrogène, alors nous construirons la souveraineté" énergétique, a insisté le chef de l'État. Il mise sur le nucléaire français, qui n'émet pas de CO2, pour y arriver, à la différence de l'Allemagne qui fait reposer son plan hydrogène sur l'importation d'électricité photovoltaïque depuis des pays chauds.

"Il n'y a jamais de fatalité. On ne répond jamais aux difficultés du temps en ayant la nostalgie d'un passé qui n'est plus, mais en redoublant de capacité à résister et à ne pas céder, à penser l'avenir dans ses dynamiques nouvelles. C'est exactement ce que la France doit faire aujourd'hui", a affirmé Emmanuel Macron.

Le chef de l'État, qui n'a pas encore annoncé s'il était candidat ou non à un second mandat en 2022, cherche à se présenter comme le chef de file du camp progressiste face à des candidats qui affirment que la France est un pays en déclin. Il répond aussi à certains "décroissants" qui estiment que la crise écologique ne peut se résoudre que par l'abandon de certaines activités.

Pour lui, la société de demain, "ce n'est pas moins consommer, ce n'est pas renoncer à des activités , ce n'est pas renoncer à des choses, c'est par l'innovation réussir à concilier les deux", a-t-il dit.

Emmanuel Macron a été accueilli par le maire d'extrême droite de Béziers, Robert Ménard, qui l'a remercié pour le soutien apporté à Genvia, qui doit agrandir son site. Dans une région particulièrement touchée par le chômage, son discours sur l'industrie de demain porte aussi sur les "compétences", le président se disant attaché à ce que "les parents puissent se dire que leurs enfants ont un avenir dans l'industrie".

Commentaires

Abadie
Réindustrialiser la France avec des technologies n'émettant pas de CO2 et en assurant notre indépendance énergétique est excellent. A ce jour nous devonsen partie notre indépendante energetique grâce au developpement nucléaire dans la seconde moitié du XX ème siècle, il faut poursuivre avec l'hydrogène.
Vlady
... "la société de demain, "ce n'est pas moins consommer, ... " encore un adepte de la "croissance" . Faudra qu ' il retourne à l ' école revoir ses maths !! Pauvre France ........
FLUCHERE
Mais pour faire de l'hydrogène bas carbone, il faut de l'électricité bas carbone en fourniture stabilisée donc du nucléaire. L'hydrogène bas carbone est nécessaire pour remplacer l'hydrogène carboné dans la chimie et la fabrication des engrais, ou le charbon et ses dérivés pour faire de l'acier. Pour le transport via une pile à combustible, une batterie en floatting et un moteur électrique on retombe sur un rendement global de 25 %. Macron n'a pas encore compris que l'hydrogène est un vecteur énergétique qui nécessite un autre vecteur énergétique pour sa fabrication.
Descours
Le commentaire de Monsieur Fluchère (ancien directeur de la centrale du Bugey) me fait sourire car le rendement thermodynamique d'un réacteur à eau pressurisée français est de 33% et au lieu de produire et de distribuer directement de l'eau chaude, on transforme 3000 MW thermique en 1000 MW électrique pour en faire notamment du chauffage électrique que l'on vend au client en lui promettant un rendement de 95%. Mais c'est 95% de 33% soit environ 31%. Ce n'est guère différent des 25% pour la conversion en hydrogène !!! Il n'y a pas que Macron qui a du mal à comprendre les réalités dont celle du principe de Carnot.
Jean BLIN
En produisant de l'hydrogène pour stocker l'électricité éolienne puis en brulant cet hydrogène pour faire de l'électricité quand le vent tombe, avec 100 kWh utilisés pour produire de l'hydrogène on n'obtient au maximum que 30 KWh dans le meilleur des cas. Autrement dit, la perte en ligne est colossale et tue la faisabilité du process. Et l'investissement dans la production d'hydrogène vert pose au moins 3 problèmes : - Le 1er problème, celui des rendements techniques dont découle le second problème, celui du prix, - Le problème des priorités d'affectation de l'hydrogène produit : dès lors que la priorité est de décarboner le pays, il faut décarboner en priorité l'industrie --> dès lors, c'est à celle-ci que doit être donnée la priorité des usages du H2, et dès lors il n'en restera pas assez pour les autres usages à savoir : - brûler le H2 dans des centrales thermiques pour pallier l'intermittence de l'éolien et du solaire, - hydrogéner les mobilités qui sont des plus émettrices de GES.
endergiepy
Avec des arguments comme ceux de M. Jean BLIN, jamais les trains n'auraient passé sous un tunnel, et les avions seraient en train de faire des tours de manèges! La courbe d'expérience permet d'envisager de se lancer sans être au top et de progresser dans l'efficacité. En outre il faut "en même temps" viser la sobriété. Par exemple : Pourquoi continuer à éclairer à outrance la nuit alors que cette électricité pourrait servir à fabriquer de l'hydrogène, même avec un rendement médiocre. Pourquoi ne pas transformer une voie des autoroutes et voies rapides à plus de 2 voies; en chemin électrifié de train modulaire avec navettes largables aux sorties (à inventer!). Au lieu d'avoir des train-train de camions à la queue!!!
Pierre-Ernest
Les objets ou les services qu'on achète pour vivre exigent tous une certaine quantité de pétrole énergie pour exister. Fabriquer de l'hydrogène "vert" revient, en gros, cinq fois plus cher que d'extraire du pétrole énergie. Remplacer le pétrole par l'hydrogène revient donc à renchérir le prix des produits et des services en gros de 3 ou 400 %. Les gens verront donc leur pouvoir d'achat divisé par 3 ou 4. Avec de la chance, l'amélioration des rendements permettra de ramener la réduction de pouvoir d'achat à seulement 2 ou 3 fois. Bonne chance pour les politiques qui seront au pouvoir lorsque l'hydrogène remplacera le pétrole...
Claude MANDIL
Sauf, naturellement, si on accepte enfin de considérer que de l'hydrogène produit par craquage du méthane et capture et séquestration du CO2 est beaucoup moins cher et tout aussi "vert" que l'hydrogène produit par électrolyse.
daphné
D'accord avec vous si on opère le vaporéformage en séquestrant le CO2 et qui sait... un jour craquer le CO2 pour faire de l'Oxygène et du diamant ou du graphène ou des nanotubes. Et la sequestration coûte et a ses limites. Mais de toute façon il faudra importer le CH4 sauf à faire de gigantesques usines à biométhane avec les déchets, les boues, etc. Ce qui est possible mais me semble-t-il insuffisant.L'objectif est de nous rendre nous et nos petits-enfants plus autonomes.Le même objectif que de Gaulle quand il a lancé le nucléaire suivi par Pompidou et les autres.
daphné
D'accord avec M. Endergiepy. Non bien sûr qu'on ne se lance pas dans la production d'H2 par craquage d'hydrocarbures, de CH4... Absurde! On parle d'électrolyseurs d'eau par HTP de toutes puissances et de toutes tailles. Ils permettent d'utiliser l'électricité hydraulique peu modulable et celle du nucléaire de 1h. à5h. pendant les heures creuses avec une réduction concommitante de l'éclairage publique et de publicité durant les mêmes horaires pendant lesquels la majorité des êtes humains dorment ce qui diminuera la pollution lumineuse aussi énergivore que les toits des bâtiments mal conçus. Et puis l'H2 vecteur d'énergie ou carburant mettra fin à ces affreuses batteries au Lithium-ions qui sont polluantes à produire et à détruire même si le lithium est partiellement recyclable et qui sont de toute façon importées, lentes à recharger et chères . McPhyre a installé à Sarreguemines en Moselle une station de recharge d'H2 pour les véhicules (surtout allemands) autonome fonctionnant à l'électricité verte pouvant recharger une dizaine de véhicules avec 5l d'H2 comprimé à 350 bars en 3min. pour rouler 200km. L'objectif est de produire en séries de multiplier les installations de production pour avoir de l'H2 à un prix égal ou inférieur aux HC, non polluant et produit en France. Les électrolyseurs peuvent équiper les fermes PV pour le stockage et réduire l'intermittence, réguler la production des éoliennes installées. Il nous faut tout faire pour équilibrer notre balance commercial. Ceux qui travaillent au CEA ne sont pas des ballots. Il faut lire leur rapport.

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