- Connaissance des Énergies avec AFP
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Centrale nucléaire de Flamanville (©EDF)
L'exploitant nucléaire EDF a informé le régulateur français de l'énergie qu'il retenait l'hypothèse d'une puissance de son réacteur EPR de Flamanville (Manche) plus basse que celle communiquée officiellement, en raison d'un "rendement détérioré" non expliqué à ce jour, selon les éléments d'un rapport dévoilés mercredi.
Une puissance finale inférieure de 35 MW pour 2026-2031
Cette information, reprise par le journal La Tribune, figure dans un rapport publié le 30 septembre par la Commission de régulation de l'énergie (CRE), gendarme du secteur, qui relève qu'EDF lui "a déclaré " une puissance électrique finale de l'EPR "inférieure de 35 MW à la puissance déclarée dans le cadre des données publiques".
Pour la période 2026-2031, l'électricien a retenu une hypothèse de puissance maximale pour Flamanville 3 de 1 585 MW, au lieu des 1 620 MW annoncés auprès de REMIT, le règlement européen sur l'intégrité et la transparence des marchés de l'énergie. Ce niveau "repose sur l'hypothèse d'un rendement final de l'EPR inférieur à celui anticipé initialement", explique la CRE, sans en préciser les raisons.
"En l'absence de document public attestant d'un bridage de la puissance électrique lié à un rendement détérioré, notamment alors que les phases de test de l'EPR" sont toujours en cours, la CRE a retenu une "puissance théorique" de 1 620 MW dans son rapport qui s'appuie sur les prévisions de production du parc des 57 réacteurs d'EDF - y compris Flamanville 3 - pour calculer le coût de production du nucléaire, un élément clé pour les futures factures d'électricité.
Un manque à gagner « de l'ordre de 15 millions d'euros par an »
Le réacteur normand a été connecté au réseau électrique français le 21 décembre 2024, avec 12 ans de retard en raison de nombreux déboires et aléas techniques. En août, EDF avait annoncé que son réacteur produirait de l'électricité à 100% de sa puissance à la fin de cet automne, alors qu'il espérait jusqu'alors franchir cette étape avant la fin de cet été.
La baisse de 35 MW représente un peu plus de 2% de la puissance maximale de 1 620 MW annoncée officiellement pour Flamanville 3. Mais selon les calculs du journal La Tribune, non confirmés par EDF, le manque à gagner induit par une puissance diminuée sur la durée, pourrait être "de l'ordre de 15 millions d'euros par an (...) un montant à multiplier sur la totalité de la durée de vie du réacteur" conçu pour fonctionner au moins 60 ans.
Redémarrage prévu le 17 octobre
Contacté par l'AFP, EDF répond que "la puissance précise de Flamanville 3 sera connue à l'issue de la phase d'essais", qui se poursuit jusqu'à l'atteinte de la pleine puissance. EDF ajoute que "l'écart" entre la puissance publiée officiellement "et celle retenue par EDF dans ses simulations n'est pas de nature à avoir un impact significatif et n'a aucun rapport avec les interventions menées sur la turbine", la pièce maîtresse qui permet de transformer l'énergie thermique de la vapeur en une énergie mécanique afin d'entraîner l'alternateur pour produire l'électricité.
Des problèmes d'échauffement anormal avaient été constatés début 2025 sur ce turboalternateur et le groupe a réalisé des "réglages", dont les résultats seront "mesurables tout au long de la montée en puissance", précise EDF. À l'arrêt depuis fin juin pour des interventions sur des soupapes, l'EPR doit redémarrer le 17 octobre.


