Nucléaire : l'AIEA demande des « clarifications » à Téhéran sur un site non référencé

  • AFP
  • parue le

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) "tire la sonnette d'alarme" sur le nucléaire iranien et demande à Téhéran "des clarifications" sur un site non référencé à Téhéran, a indiqué mardi son directeur général dans un entretien avec l'AFP.

"Je tire la sonnette d'alarme", a déclaré Rafael Mariano Grossi à Paris, où il devait s'entretenir avec le président Emmanuel Macron. "L'Iran doit se décider à coopérer de façon plus claire avec l'agence pour donner les clarifications nécessaires", a-t-il ajouté, en évoquant la découverte de "traces d'uranium anthropogénique" à Téhéran en novembre 2019.

Le directeur de l'AIEA a indiqué que cette mise en garde à l'Iran ferait l'objet d'un rapport remis aux États membres de l'agence, qui réunit la semaine prochaine son conseil des gouverneurs. L'AIEA communiquera également à cette occasion l'état des activités nucléaires actuelles de l'Iran qui s'est affranchi de la plupart des engagements du traité de Vienne en 2015 limitant ses capacités atomiques.

"Le rapport dira que je ne reçois pas la coopération que je demande. J'ai besoin de plus (...). C'est sérieux. Mon devoir est d'attirer l'attention", a ajouté le directeur général qui a pris ses fonctions à la tête de l'agence en fin d'année dernière. "Le fait qu'on ait retrouvé des traces est très important (dans le site non référencé, ndlr), ça veut dire qu'il y a la possibilité d'activités et de matériel nucléaires qui ne seraient pas sous contrôle international et dont on ne connaîtrait ni l'origine, ni le destin", a-t-il poursuivi. "C'est quelque chose qui me préoccupe".

L'AIEA insiste depuis plusieurs mois auprès de Téhéran pour avoir des éclaircissements sur la nature des activités qui ont été menées sur ce site. L'agence onusienne n'a jamais précisé sa localisation mais des sources diplomatiques ont indiqué à l'AFP qu'il s'agissait d'un entrepôt du district de Turquzabad, à Téhéran.

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou accuse l'Iran d'avoir menti à propos de ce site et d'y avoir conduit dans le passé des activités nucléaires illégales en violation de ses engagements internationaux.

L'accord de Vienne sur le nucléaire iranien (JCPOA) est menacé depuis que les États-Unis l'ont dénoncé unilatéralement en 2018. Téhéran, asphyxié par les sanctions, a riposté en s'affranchissant, depuis mai 2019, de plusieurs de ses engagements.

La question soulevée mardi par M. Grossi est cependant extérieure à cet accord. "L'Iran a d'autres obligations et d'autres inspections que celle liées au JCPOA", a-t-il martelé. "La politique, c'est une chose. Avec les inspections, on ne joue pas. Il faut respecter les responsabilités vis à vis des inspections", a-t-il insisté. "Ce n'est pas des questions académiques. Il y a des endroits, des indices, des informations de l'agence sur lesquelles nous devons arriver à plus de clarté et pour l'instant ce n'est pas possible".

Ajouter un commentaire

Suggestion de lecture