Nucléaire : l'UE enquête sur les aides de Prague pour la construction de deux réacteurs

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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La Commission européenne a annoncé lundi avoir ouvert une enquête approfondie, pour vérifier si le plan de soutien du gouvernement tchèque à la construction et l'exploitation de deux nouveaux réacteurs nucléaires est conforme aux règles de l'UE sur les aides d'État.

Un prêt à taux bonifié de 23 à 30 milliards d'euros

Prague a soumis en octobre un dispositif de soutien au projet de construction de deux nouveaux réacteurs sur le site de Dukovany (sud), qui abrite l'une des deux centrales nucléaires du pays. Le gouvernement veut notamment accorder un prêt à taux bonifié dont le montant devrait se situer entre 23 et 30 milliards d'euros, pour financer totalement le coût de la construction.

Le gouvernement a proposé en outre de mettre en place un mécanisme de type "contrat pour différence" (ou CFD) qui garantira un prix minimum à l'électricité produite par la centrale pendant 40 ans, afin d'assurer des revenus stables à son opérateur, un consortium baptisé EDU II, détenu à 80% par l'État et à 20% par l'unique exploitant nucléaire tchèque, CEZ.

C'est ce mécanisme de prix garanti auquel Bruxelles s'intéresse plus particulièrement, disant manquer d'éléments pour s'assurer de sa conformité aux règles européennes.

Une mise en service du premier réacteur attendue en 2036

"À ce stade, sur la base d'une analyse préliminaire, la Commission a estimé que ce projet est nécessaire et que l'aide (prévue par le gouvernement, ndlr) favorise le développement d'une activité économique", souligne l'exécutif européen.

Néanmoins, la Commission ajoute "avoir des doutes sur la pleine conformité aux règles sur les aides d'Etat" de ces mesures, et a donc décidé de mener une enquête approfondie, pour vérifier "la pertinence et la proportionnalité du programme d'aides".

Le gouvernement tchèque a attribué au groupe sud-coréen KHNP le contrat de construction de ces deux réacteurs, d'un montant de 16 milliards d'euros. Le chantier est censé débuter en 2029 pour une mise en service du premier réacteur en 2036.

Il s'agit d'un investissement historique pour le pays d'Europe centrale de 10,9 millions d'habitants, qui se détourne du charbon et s'est affranchi du pétrole et du gaz venus de Moscou.

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