Nucléaire: nouveau retard pour l'EPR de Flamanville en raison de soudures à réparer

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EDF va devoir réparer huit soudures difficilement accessibles de l'EPR de Flamanville (Manche), a décidé l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), occasionnant de nouveaux retards importants pour ce très coûteux chantier.

"Si la réparation doit être réalisée avant la mise en service, (...) EDF estime que la réparation pourra s'effectuer d'ici fin 2022", a ensuite précisé lors d'une conférence de presse le président de l'ASN Bernard Doroszczuk avant d'indiquer que cela nécessiterait de modifier l'actuel décret qui prévoit au plus tard une mise en service en avril 2020. "Aucune date n'a été fixée concernant le délai de réparation des soudures", a cependant immédiatement réagi EDF sur son compte Twitter.

Le chargement du combustible nucléaire est pour l'instant officiellement prévu fin 2019 pour une enveloppe de 10,9 milliards d'euros. Le calendrier et les coûts ont déjà dérapé à de multiples reprises. L'électricien avait pourtant demandé début juin s'il était possible "de réparer ces soudures vers 2024, après la mise en service du réacteur", indiquait l'ASN dans un communiqué publié jeudi matin.

Si cette solution est "techniquement réalisable", reconnaît l'autorité de sûreté, "le report des opérations de réparation après la mise en service du réacteur soulèverait plusieurs difficultés, notamment au regard de la justification de la sûreté du réacteur durant la période transitoire". "L'ASN considère donc que la réparation des soudures avant la mise en service du réacteur constitue la solution de référence", conclut-elle. Les huit soudures "devront être réparées", souligne le gendarme du nucléaire dans sa décision très attendue mais sans surprise.

Horizon fin 2022 ?

"EDF se donne le temps d'analyser les conséquences de la décision de l'ASN. Un point précis sur le planning et le coût du projet sera réalisé dans les prochaines semaine", a complété EDF. "Nous allons avoir du retard à cause de la reprise de ces soudures", avait admis mardi le patron d'EDF, Jean-Bernard Lévy, lors d'une conférence. "On est clairement dans la phase de réapprentissage (de construction de réacteurs, NDLR) mais il ne faut pas non plus noircir le tableau".

Il y a un an, EDF avait annoncé des "écarts de qualité" sur des soudures du réacteur nucléaire en construction en Normandie. EDF avait proposé de laisser huit soudures difficilement accessibles en l'état en prouvant avec des essais qu'elles ne posaient pas de problème de sûreté, et de renforcer les contrôles pendant le fonctionnement du réacteur. Ce qui lui aurait permis d'éviter des travaux complexes, potentiellement longs et coûteux.

Ces soudures sont en effet situées dans la traversée de l'enceinte de confinement, la grosse structure de béton qui doit retenir les éléments radioactifs en cas d'accident.

« Scénarios potentiellement pessimistes »

"Il appartient à EDF de tirer toutes les conséquences de cette recommandation et rapidement", a réagi la secrétaire d'État à la Transition écologique Brune Poirson, au micro de Radio Classique.

"Nous avions anticipé des scénarios potentiellement pessimistes et nous maintenons le cap qui est de fermer nos quatre centrales à charbon d'ici la fin du quinquennat" et les deux réacteurs de Fessenheim en 2020, a-t-elle assuré, alors que l'État contrôle EDF.

Le démarrage de Flamanville est l'un des facteurs - mais pas le seul - qui doit permettre de fermer les centrales à charbon polluantes sans remettre en cause la sécurité d'approvisionnement énergétique de l'ouest de la France. L'avenir de ce chantier emblématique, aujourd'hui le seul pour un réacteur de nouvelle génération en France, pèsera aussi dans la décision future de construire ou non de nouveaux EPR.

Le gouvernement veut en effet disposer mi-2021 des éléments pour se décider mais a déjà prévenu qu'il ne lancerait dans tous les cas pas de nouveau chantier tant que Flamanville n'aura pas fait ses preuves.

Commentaires

Michel

"Nous avions anticipé des scénarios potentiellement pessimistes" ose dire le gouvernement...

Visiblement pas assez. Ce feuilleton illustre le ridicule de la décision d'arrêt des deux réacteurs de Fessenheim, sans aucune justification technique, par pure manoeuvre policienne. Jusqu'ici ce n'était que "ridicule" et coûteux pour les finances publiques. Cet entêtement, démontrant l'incompétence de ceux en charge de la "transition énergétique", va finir par mettre en mettre très sérieusement en péril la sécurité énergétique du pays.

Pendant ce temps là l'EPR chinois fonctionne sans problème.

Avenirdunucléaire

EDF estime que la réparation pourra s'effectuer d'ici fin 2022 et d'autre part le gouvernement veut disposer mi-2021 des éléments pour se décider à construire ou non de nouveaux EPRs, mais a déjà prévenu qu'il ne lancerait dans tous les cas pas de nouveau chantier tant que Flamanville n'aura pas fait ses preuves. Cette énorme contradiction est annonciatrice d'un problème décisionnel insoluble et destructeur . Dans tous les cas le gouvernement devra se parjurer face à un camp ou à un autre .A moins qu'il ne décide hypocritement sans oser l'avouer, d'abandonner la construction de nouveaux réacteurs nucléaires et faire perdre ainsi à la France les compétences pour en construire de nouveaux (et ne laisse ainsi à d'autres gouvernements futurs d'autre choix que d'en acheter éventuellement, plus tard, aux chinois puisqu'on aura perdu en France la maîtrise technique de leur construction à cause de l'absence de décision en 2021 de construire de nouveaux réacteurs). Bref, avoir le nucléaire honteux,aboutira à terme à la disparition de notre industrie nucléaire, comme en rêve depuis des décennies les multiples associations antinucléaires.Voilà où vont nous mener les pures manoeuvres politiciennes d'1 gouvernement incompétent et peureux dont l'ironie veut que le premier ministre fut un ancien d'AREVA(maintenant Orano) .

Pierre

Comment ont fait les Chinois pour démarrer leur EPR ? Ils maitrisent mieux les soudures ? ou les problèmes de sécurité viennent au second plan ?

Avenirdunucléaire

Les Chinois maîtrisent mieux les soudures et tous le reste de la construction des réacteurs, car ils n'ont pas arrêté de construire des réacteurs nucléaires pendant 15 ans comme l'ont fait les français ce qui a entraîné pour les français des pertes de compétences très lourdes, et pour les chinois, les problèmes de sécurité ne viennent pas au second plan.

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