- Connaissance des Énergies avec AFP
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Une page se tourne: à partir du 1er janvier 2026, une nouvelle organisation du marché de l'électricité en France s'applique, avec la fin de l'encadrement des prix de la production nucléaire d'EDF. Mais les autorités se veulent rassurantes: il n'y aura pas de "flambée" des factures des ménages.
Même avec la fin de ce dispositif tarifaire régulé, dit Arenh, "les prix des factures devraient être stables au moins en 2026 et en 2027" pour les trois quarts des Français, ceux ayant souscrit au tarif réglementé de vente de l'électricité (tarif Bleu d'EDF) ou à une offre indexée sur ce tarif, a indiqué lundi à l'AFP Bercy.
Concrètement, ce sont les "prix bas de l'énergie décarbonée française sur les marchés de gros" qui permettent d'absorber le choc de cette révolution tarifaire.
QUE SE PASSE-T-IL LE 1er JANVIER?
Depuis 2011, le système Arenh obligeait l'opérateur historique EDF à céder un quart environ de sa production nucléaire annuelle à des industriels très énergivores et à ses concurrents fournisseurs alternatifs au prix très avantageux de 42 euros du MWh, pour répondre aux exigences européennes en matière de concurrence.
Ce dispositif s'éteint au 31 décembre 2025 et sera remplacé par un nouveau système, conformément à un accord passé entre l'Etat et EDF fin 2023.
Sur le principe, ce mécanisme permet à EDF de vendre désormais sa production nucléaire librement, selon les prix du marché, qui peuvent faire des yo-yos. En contrepartie, un mécanisme est prévu pour protéger les consommateurs, particuliers comme professionnels, de fortes hausses de prix, comme pendant la crise énergétique: c'est le versement nucléaire universel (VNU).
Objectif: donner de la "visibilité, de la stabilité, et à long terme", en faisant bénéficier les consommateurs d'un prix proche des coûts de production de l'électricité sortie des 57 réacteurs nucléaires d'EDF.
COMMENT SERONT PROTÉGÉS LES CONSOMMATEURS?
Ce système "VNU" prévoit de prélever une taxe sur une partie des revenus d'EDF lorsque les prix de marchés sont élevés, et de la redistribuer aux consommateurs. Concrètement, au-delà d'un premier seuil fixé à 78 euros du MWH, 50% des revenus d'EDF dépassant ce niveau seront reversés aux consommateurs, et au-delà d'un 2e palier à 110 euros du MWh, ce sera 90%.
L'arrêté qui définit ces seuils de taxation doit être publié "entre la fin de l'année 2025 et début 2026", selon Bercy.
Mais, au vu des prix bas de l'électricité française sur les marchés de gros, les consommateurs ne devraient pas bénéficier de cette redistribution en 2026.
Si bien que pour faire baisser les factures, le ministère de l'Economie travaille à des mesures qu'il souhaite présenter "très prochainement". Et ce, en complément du scénario de baisse de la fiscalité de l'électricité, en débat dans le cadre du budget 2026.
LES FACTURES VONT-ELLES "FLAMBER" ?
Non, assurent les autorités. Concrètement, les consommateurs vont continuer de bénéficier de la baisse des cours de l'électricité sur les marchés, eux-mêmes répercutés dans le calcul du tarif réglementé de vente de l'électricité (TRVE), celui qu'on retrouve dans le contrat "Bleu" d'EDF mais aussi dans les offres de marchés dites "indexées". Au total 75% des abonnés résidentiels à l'électricité (ménages et très petites entreprises) sont concernés.
Et pour les autres abonnés en offres de marché? La Commission de régulation de l'énergie (CRE) explique à l'AFP qu'elle "n'anticipe pas de flambée du prix de l'électricité" en 2026 pour cette catégorie de clients comme pour ceux au tarif réglementé ou indexés sur ce tarif. L'impact éventuel est certes plus "difficile" à estimer tant il existe d'offres de fournisseurs différentes mais, à fin septembre, la moitié des offres de marché présentaient des tarifs sous le TRVE, souligne-t-elle.
UN NOUVEAU SYSTÈME DÉJÀ CRITIQUÉ
Le gouvernement fait valoir que la nouvelle régulation a été pensée comme un "compromis entre protection des consommateurs" et les besoins d'"investissement dans le système énergétique de l'avenir", en permettant notamment à EDF de dégager des marges pour financer son programme de construction de 6 réacteurs nucléaires.
Mais jusqu'ici, il a suscité l'inquiétude d'associations de consommateurs et de parlementaires. Ces derniers, dans un rapport en octobre, ont souligné que le système ne permettait ni de protéger "suffisamment" les consommateurs de la volatilité des marchés, ni à EDF de sécuriser ses revenus en cas d'effondrement des prix.