Toshiba, un ex-fleuron japonais affaibli par des scandales

  • AFP
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Ancien fleuron industriel et technologique japonais dont les racines remontent à la fin du 19e siècle, Toshiba a dit jeudi soutenir une offre de rachat par un consortium nippon pour environ 2.000 milliards de yens (14 milliards d'euros).

Si ce rachat était approuvé par ses actionnaires dans quelques mois, cela marquerait l'épilogue de huit années de turbulences subies par le groupe depuis 2015, et dont voici les grandes étapes.

- 2015: scandale des comptes truqués -

En 2015, Toshiba évoque des soupçons d'erreurs dans ses comptes. Le scandale se confirme et enfle rapidement: ses comptes ont été enjolivés de plus d'un milliard d'euros au total dans plusieurs divisions entre 2008 et 2014.

L'action du groupe s'effondre, son PDG démissionne et une profonde restructuration est lancée. En 2022, Toshiba ne comptait plus que 116.000 salariés, contre 200.000 en 2015.

- 2016: cessions et nouveaux soucis -

Obligé de se renflouer rapidement, Toshiba multiplie les cessions d'actifs, dans les équipements médicaux et l'électroménager notamment.

Le groupe subit malgré tout une perte nette équivalente à 3,8 milliards d'euros sur son exercice 2015/2016.

Fin 2016, Toshiba annonce de possibles dépréciations se chiffrant en milliards de dollars liées à sa filiale américaine d'équipements nucléaires Westinghouse.

- 2017: la débâcle Westinghouse -

Westinghouse est mise en faillite fin mars. Ce naufrage inflige à Toshiba une perte nette record de 7,5 milliards d'euros en 2016/17. Le groupe risque d'être radié de la Bourse de Tokyo s'il ne redevient pas solvable rapidement.

Le conglomérat se résout à vendre son joyau, sa filiale de puces-mémoires Toshiba Memory, et boucle fin 2017 une augmentation de capital équivalente à quelque 4,5 milliards d'euros. De nombreux fonds activistes étrangers s'engouffrent dans la brèche.

- 2018-2019: nouvelles cessions

La vente de Toshiba Memory à un consortium mené par le fonds américain Bain Capital est bouclée en 2018 pour 18 milliards d'euros. Toshiba rachète ensuite 40% de son ancienne filiale, rebaptisée Kioxia.

Le groupe évite sa radiation de la Bourse de Tokyo en vendant Westinghouse et des droits de créances associés.

D'autres cessions d'actifs et des restructurations supplémentaires suivent. NuGen, sa filiale britannique dans le nucléaire, est liquidée, et le groupe ne reste dans l'atome qu'au Japon. Toshiba se sépare aussi son pôle GNL (gaz naturel liquéfié) aux Etats-Unis, racheté en 2019 par le français Total.

- 2020-2022: bras de fer -

Toshiba continue à assainir ses finances et à réformer sa gouvernance, avec désormais une majorité d'administrateurs externes.

Mais d'autres scandales de maquillage de comptes éclatent dans des filiales, et les relations avec ses actionnaires activistes se détériorent. La crise devient ouverte après l'assemblée générale ordinaire (AGO) du groupe à l'été 2020, entachée de soupçons d'irrégularités.

En avril 2021, le groupe annonce avoir reçu une proposition de rachat par la société de capital-investissement CVC Capital Partners qui valoriserait le groupe à près de 21 milliards de dollars, selon la presse.

Une semaine plus tard, le directeur général de Toshiba, Nobuaki Kurumatani, est limogé. L'offre de rachat de CVC est enterrée peu après.

Début juin 2021, un rapport indépendant sur l'AGO de 2020 conclut que Toshiba avait manoeuvré avec le ministère de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie (Meti) pour empêcher certains actionnaires d'exercer leurs droits.

Les actionnaires rejettent peu après la réélection du président du conseil d'administration, Osamu Nagayama, un vote sanction rarissime au Japon. Satoshi Tsunakawa, devenu directeur général de Toshiba en avril, est nommé PDG par intérim.

Fin 2021, Toshiba, pressé depuis longtemps par ses actionnaires de maximiser sa valeur, annonce un projet de scission. Mais ce plan est retoqué en mars 2022 par ses actionnaires. Le mois suivant, Toshiba brandit le drapeau blanc et accepte d'étudier sérieusement toute offre de rachat qui se présenterait.

- 2022-2023: un long épilogue -

En mai 2022, le groupe dit avoir reçu dix marques d'intérêt de repreneurs ou partenaires potentiels. Son président Satoshi Tsunakawa, qui avait déjà cédé quelques mois plus tôt la direction générale à Taro Shimada, décide de démissionner. Deux représentants d'actionnaires activistes intègrent peu après le conseil d'administration.

En février 2023, Toshiba confirme avoir reçu une "proposition" d'un consortium japonais mené par le fonds Japan Industrial Partners (JIP).

Le 23 mars, le conseil d'administration de Toshiba se dit favorable à une offre publique d'achat (OPA) de ce consortium équivalente à 14 milliards d'euros, qui devrait être lancée fin juillet au plus tôt.

etb/vk

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