- Connaissance des Énergies avec AFP
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De la Fondation Nicolas Hulot à France Nature Environnement (FNE), plusieurs ONG environnementales ont mis en garde lundi le gouvernement contre une loi sur la transition énergétique "au rabais", dénonçant l'adoption par le Sénat mardi d'un texte "très loin de l'ambition initiale".
"Quelques jours après avoir appelé le monde à se mobiliser pour le climat et la transition énergétique (à l'occasion du voyage présidentiel aux Philippines, ndlr), la France ne peut pas se permettre une loi au rabais", souligne la Fondation Hulot.
A l'unisson d'autres ONG, elle déplore le retrait de plusieurs "objectifs cadres", dont celui intermédiaire de baisse de 20% de la consommation énergétique en 2030, qui aurait été "structurant pour la prochaine programmation pluriannuelle de l'énergie".
Le Sénat a "supprimé les quelques mesures concrètes pour l'atteindre, comme par exemple l'obligation pour les grosses entreprises de faire des plans de mobilité pour aider les salariés à réduire leur consommation d'énergie", explique la grande fédération FNE.
Les ONG regrettent aussi la suppression de l'échéance 2025 pour la réduction à 50% de la part du nucléaire dans la production d'électricité (promesse du candidat Hollande).
"Un objectif de 50% de nucléaire sans échéance n'est en rien crédible", souligne la Fondation Hulot, qui ajoute que "le plafonnement de la production nucléaire a par ailleurs été relevé pour permettre d'augmenter le nombre de centrales, ce qui est un comble". "Et le grand gagnant est... le lobby du nucléaire!" appuie FNE.
Le Réseau Sortir du Nucléaire dénonce "des reculs inacceptables qui repousseraient aux calendes grecques la fermeture des vieux réacteurs et de Fessenheim en particulier".
"Il est incompréhensible que des élus, censés représenter l'intérêt des citoyens, souhaitent leur faire subir les risques et les coûts d'un réacteur au chantier enlisé et d'une centrale vieille et dangereuse", ajoute l'association, "exhortant le gouvernement à rester ferme sur les objectifs qu'il s'est lui-même fixés".
Pour ces organisations, plusieurs dispositions viennent en outre freiner l'essor des énergies renouvelables, notamment le passage à un km de la distance minimale devant séparer éoliennes et habitations.
Elles demandent au gouvernement et aux parlementaires de revoir ces dispositions lors de la commission mixte paritaire (CMP, sept députés/sept sénateurs) qui se tiendra le 10 mars.
"Le texte voté par le Sénat est très loin de l'ambition affichée initialement par le gouvernement", résume la Fondation Hulot, soulignant qu'elle "ne pourrait que se désolidariser d'un texte qu'elle a pourtant ardemment soutenu" si la CMP ne rétablissait pas la situation.
"Si la France sort une loi sans objectif de réduction des consommations et qui, en plus, freine le développement des énergies renouvelables, elle fera pâle figure au moment de la conférence de Paris consacrée aux dérèglements climatiques en décembre prochain", souligne pour sa part Denez L'Hostis, président de FNE.