Washington renouvelle des dérogations pour le nucléaire civil iranien, tout en annonçant de nouvelles mesures punitives

  • AFP
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L'administration américaine de Donald Trump a prolongé jeudi des dérogations autorisant des projets liés au programme nucléaire civil iranien malgré les sanctions, tout en annonçant de nouvelles mesures punitives contre l'organisation de l'énergie atomique d'Iran.

"Les États-Unis renouvellent pour 60 jours quatre restrictions concernant l'Iran qui permettent la poursuite de projets, sans risque de prolifération, et encadrent l'activité nucléaire iranienne", a annoncé l'émissaire américain pour la politique iranienne, Brian Hook, lors d'une conférence de presse à Washington. "Nous allons surveiller de près tout développement", a-t-il prévenu, assurant que le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo pourrait "mettre un terme à ces projets" à tout moment en cas de dérapage.

Malgré sa "campagne de pression maximale" contre Téhéran depuis qu'elle a claqué la porte en 2018 de l'accord international sur le nucléaire iranien, l'administration Trump a régulièrement prolongé ces dérogations, sans leur donner de grande publicité. Elle préfère d'ailleurs parler de "restrictions" aux programmes autorisés plutôt que de dérogations.

Elles concernent notamment la centrale de Bouchehr, le réacteur de Téhéran destiné à la recherche, ainsi que le réacteur à eau lourde d'Arak, modifié sous le contrôle de la communauté internationale de manière à rendre impossible la production de plutonium à usage militaire. Elles avaient été renouvelées la dernière fois en novembre, à l'exception de l'exemption pour l'usine nucléaire de Fordo.

Ces programmes n'ont pas vocation militaire. Le débat est vif au sein du gouvernement américain depuis plusieurs mois sur la nécessité de les soumettre aussi, comme quasiment tout le reste de l'économie iranienne, aux sanctions de Washington, ce qui empêcherait aux sociétés russes, chinoises et européennes impliquées de continuer à y prendre part.

Nouvelles sanctions

Interrogé sur la décision annoncée jeudi, en apparente contradiction avec les sanctions américaines, Brian Hook a assuré qu'il s'agissait de dénier à la République islamique toute nécessité d'enrichir de l'uranium au-delà des limites prévues par l'accord de 2015, dont Téhéran a toutefois commencé à se désengager en représailles à la pression des Etats-Unis.

Dans le même temps, pour prouver que le gouvernement américain ne baisse pas la garde, l'émissaire a annoncé de nouvelles sanctions contre l'organisation atomique iranienne et son chef Ali Akbar Salehi, accusés d'avoir "joué un rôle important dans le non respect par l'Iran de son engagement nucléaire clé, avec le dépassement des limites aux stocks d'uranium et au niveau d'enrichissement".

Près de deux ans après l'annonce du rétablissement des sanctions économiques américaines, le département du Trésor a aussi fait savoir qu'une première transaction avait pu être menée à bien pour vendre à Téhéran des médicaments via un "nouveau canal financier" instauré avec la Suisse.

Les États-Unis assurent depuis le début que les biens humanitaires (médicaments, équipements médicaux, nourriture et produits agricoles) échappent à leurs sanctions. Mais la plupart des pays ou sociétés étrangères hésitaient à fournir ces produits à l'Iran de peur de passer par des banques ou canaux financiers étant, eux, sous le coup des sanctions, ce qui les aurait exposés à des mesures de rétorsion américaines.

"Les Iraniens savent que c'est leur régime, pas les sanctions américaines, qui est responsable de leurs difficultés à obtenir des biens médicaux", a assuré jeudi Brian Hook, appelant les sociétés étrangères à se saisir de ce nouveau canal financier censé garantir tout "détournement" par les autorités iraniennes.

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