Électricité : l'heure du « switch » du charbon vers l'éolien et le solaire

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Parc solaire d'Ulm-Eggingen en Allemagne.

Parc solaire d'Ulm-Eggingen en Allemagne. (©EnBW/Uli Deck)

L’ONG britannique TransitionZero promeut, dans une analyse publiée ce 10 mai(1), l’utilisation d’un nouvel indice « C3PI » (Coal to Clean Carbon Price Index) pour estimer le prix minimum du CO2 permettant aux filières renouvelables variables (éolien et photovoltaïque) d’être plus compétitives que le charbon pour produire de l’électricité.

Le charbon souvent comparé au gaz

La prise en compte d’un prix du CO2 dans les calculs de coûts de production électrique est fréquente pour comparer les centrales à gaz aux centrales à charbon (dont la combustion émet davantage de CO2). Mais TransitionZero déplore que cette comparaison place de fait le gaz comme énergie de « transition » privilégiée en remplacement du charbon. Une option d'autant plus contestée alors que les pays européens peinent à réduire leur dépendance au gaz russe et alors que le bilan carbone de la chaîne gazière pousse parfois à nuancer les progrès par rapport au charbon (le GNL américain est à ce titre montré du doigt).

L’ONG britannique appelle donc à considérer davantage le coût du « switch » de production du charbon existant vers les filières éolienne terrestre et au solaire photovoltaïque (couplées à un stockage d’électricité par batteries).

Dans sa base de données en accès libre qui porte sur 25 grands pays(2), TransitionZero indique qu'en moyenne, le « switch » du charbon au gaz naturel présente un intérêt économique avec un prix de la tonne de CO2 d'au moins 235 $ en 2022 (compte tenu de la très forte hausse du prix du gaz ces derniers mois) tandis que le « switch » du charbon aux filières renouvelables « variables » (éolien terrestre et solaire photovoltaïque) avec stockage pourrait être rentable sans même devoir attribuer un prix au CO2 (les prix du charbon « ont atteint 300 $/t contre ~50 $/tonne en 2020 »).

De très fortes disparités d’un pays à un autre

TransitionZero souligne toutefois les « variations considérables », d’un pays à une autre, du prix du CO2 nécessaire pour amorcer un « switch » du charbon vers les filières renouvelables « variables ». En Indonésie, le prix de la tonne de CO2 doit par exemple être actuellement d'au moins 102 $ (contre 671 $ par tonne de CO2 en 2010).

Transition Zero explique que ces données doivent permettre de remettre en cause la pertinence économique des projets de centrales à gaz et de charbon actuellement en construction ou à l’étude dans le monde (les capacités cumulées de ces projets s’élèvent respectivement à 615 GW pour le gaz et 442 GW pour le charbon). Selon TransitionZero, presque 3 000 unités de production électrique alimentées par du charbon devraient être fermées d’ici à 2030 pour rester sur une trajectoire compatible avec les objectifs de la COP21.

Pour rappel, le charbon a compté pour 36,5% de la production mondiale d’électricité en 2021, ce qui en fait de loin la première filière productrice d’électricité.

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