Le navire « à hydrogène » Energy Observer reprend la mer

Energy Observer

En 2020, il est prévu que le navire Energy Observer réalise 9 escales dans le monde. (©Energy Observer Productions-George Conty)

Le navire « autonome en énergie » Energy Observer, qui produit entre autres de l’hydrogène pour sa propulsion, a quitté Saint-Malo ce 3 mars pour un tour du monde de 4 ans. Rappels.

Un navire « ambassadeur » de l’hydrogène

Depuis sa mise à l’eau en 2017, le navire Energy Observer a déjà parcouru plus de 18 000 miles nautiques (soit plus de 33 000 kilomètres) en autonomie énergétique en testant différents équipements embarqués, notamment dans les conditions extrêmes de l’océan Arctique en 2019.

Parmi ces équipements figurent désormais 202 m2 de panneaux photovoltaïques d’une puissance cumulée de 34 kWc (36,8 m2 de panneaux solaires ont été ajoutés depuis la dernière traversée), des ailes rigides de propulsion dites « OceanWings » qui ont été optimisées en 2020, des hélices à pas variables(1) (qui peuvent être converties en hydrogénérateurs et produire de l’électricité à partir du flux d’eau lors du déplacement du bateau) et surtout une chaîne de production d’hydrogène. 

Cette chaîne de production repose principalement sur un électrolyseur (dont la consommation d'électricité est « élevée » et qu’Energy Observer souhaite faire « tourner beaucoup plus en navigation » cette année) qui est associé à un système de compression pour pouvoir stocker l’hydrogène ainsi produit à 350 bars au sein de 8 bouteilles (« identiques à celles montées dans des centaines de bus autour du monde »).

Une pile à combustible(2) permet de restituer aux moteurs de l’électricité à partir de l’hydrogène stocké (en 2019, la PAC d'Energy Observer avait « fonctionné plus de 220 heures, produisant plus de 4 400 kWh avec un rendement supérieur à 49% »(3)). À ce titre, Energy Observer se présente comme un « ambassadeur » de l’hydrogène, souhaitant démontrer les performances de ce vecteur énergétique.

Jeux Olympiques : de Tokyo 2020 à Paris 2024

En 2020, Energy Observer est censé parcourir près de 20 000 milles nautiques, soit environ 37 000 km. Le navire doit entre autres faire escale au Maroc, aux Canaries, au Cap-Vert, aux Antilles, au Panama, puis à Tokyo à l’occasion des Jeux Olympiques (du 24 juillet au 16 août 2020).

Energy Observer présente l’arrêt au Japon - « société de l’hydrogène » - comme une étape centrale de son « odyssée ». Les porteurs du projet rappellent que le gouvernement japonais « s’est fixé un objectif de 40 000 véhicules à pile à combustible en circulation dans le pays pour cette année et pas moins de 800 000 d’ici 2030 »(4). Ils soulignent par ailleurs que « plus de 250 000 foyers japonais sont d’ores et déjà équipés d’une pile à combustible pour leur alimentation électrique » et font remarquer que la flamme des JO de Tokyo sera pour la première fois alimentée à l’hydrogène.

Suite à son arrêt au Japon, Energy Observer se rendra en Californie, avec 3 grandes étapes prévues entre octobre et décembre 2020 (San Francisco, Los Angeles et San Diego). Là encore, Energy Observer souligne que l’hydrogène « est déployé de façon importante sur tout le littoral californien, avec la plus forte concentration mondiale de voitures fonctionnant à l’hydrogène (plus de 7 000 en 2019) », rappelant par ailleurs que « c’est à Los Angeles qu’ont été conçus les premiers camions à hydrogène et que ce carburant s’invite simplement dans les stations-services normales ».

Energy Observer poursuivra par la suite son tour du monde avec de nombreuses escales les trois années suivantes : en 2021, notamment Galápagos et Pacifique Sud (Polynésie, Fidji, Nouvelle Calédonie, puis Australie) ; en 2022, Indonésie, Hong Kong, Singapour, Inde et Afrique du Sud ; en 2023, Brésil, Caraïbes, côte est des États-Unis, etc. Les porteurs du projet précisent qu’Energy Observer sera en 2024 engagé « dans le cadre de l’organisation des JO où il sera présent tant à Paris qu’à Marseille ».

Les responsables d’Energy Observer rappellent qu’ils ont toujours, outre le fait de tester des technologies embarquées « propres », souhaité rencontrer lors de leurs différentes étapes « des pionniers du développement durable ». Les solutions proposées par ces derniers sont restituées sous forme d’une web-série en ligne de près de 1 000 vidéos (ces vidéos de 2 à 3 minutes, accessibles ici, portent sur des sujets très variés : énergie, biodiversité, lutte contre la pollution et le gaspillage, etc.).

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Sources / Notes

  1. Le pas variable « permet de gagner de la propulsion au-delà de la vitesse déjà créée par le vent. Et de disposer de plus de couple lorsque le bateau franchit une vague, ou de plus d’allonge lorsqu’il est poussé par les vagues », précise Energy Observer.
  2. La nouvelle pile à combustible est fournie par Toyota. Sa puissance maximale est de 114 kW (mais Energy Observer prévoit une utilisation « à environ 50% de sa puissance pour optimiser son rendement »).
  3. Avec une consommation d’environ 300 kg d’hydrogène produits à bord (un plein « initial » d’hydrogène avait été livré par Air Liquide au départ des traversées de 2019).
  4. « Couplés à un onduleur, les véhicules à hydrogène peuvent servir à alimenter un foyer pendant quelques jours. Une caractéristique séduisante dans un pays qui craint particulièrement les séismes et autres catastrophes naturelles », souligne Energy Observer.

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