Transition énergétique : le chauffage domestique au bois « incontournable » ?

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Chauffage au bois domestique

En France, les combustibles utilisés pour le chauffage domestique au bois proviennent à 64% de la forêt selon l'Ademe. (©Pixabay)

Le chauffage domestique au bois est qualifié par l’Ademe d’ « enjeu incontournable et stratégique de la transition énergétique » en France dans un nouvel avis(1) publié le 23 mai. Explications.

Chauffage domestique au bois : le parc d’équipements français

Lorsqu’il est question des énergies renouvelables en France, il est souvent fait référence aux filières éolienne et solaire photovoltaïque. Celles-ci ne sont toutefois pas les principales sources renouvelables d’électricité (c’est l’énergie hydraulique) et encore moins d’énergie en général : « le bois énergie correspond aujourd’hui à 40% des énergies renouvelables produites en France, largement devant les autres sources renouvelables », rappelle ainsi l’Ademe.

Le chauffage domestique au bois compte pour près de 70% de la consommation de bois énergie en France. L’Ademe fait état de 6,8 millions d’utilisateurs d’appareils de chauffage au bois - les utilisant comme chauffage principal dans 48% des cas(2) - en 2017 (principalement foyers fermés/inserts mais aussi poêles et chaudières à bûches ou granulés et cheminées traditionnelles à foyer ouvert). Près de 90% des combustibles utilisés pour ce type de chauffage sont des bûches, loin devant les granulés (9%) et les briquettes reconstituées et plaquettes (1%).

Le nombre de personnes se chauffant au bois en France « a diminué par rapport à 2012 en raison d’une tendance à l’abandon du bois bûche », constate l’Ademe. Toutefois, la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) prévoit une fort hausse de la production de chaleur renouvelable (+ 40% d’ici 2028 par rapport à 2012) et fixe dans ce contexte pour objectif que 9,5 millions de logements en France soient chauffés au bois « avec un appareil labellisé » (performances énergétiques améliorées et émissions de combustion réduites) à l’horizon 2023.

Chauffage domestique au bois en France
En France, les cheminées à foyer ouvert ne comptent plus que pour 12% des équipements de chauffage domestique au bois selon les dernières données portant sur 2017 (contre 29% en 1999). (©Connaissance des Énergies, d’après Ademe)

Un renouvellement des appareils à poursuivre

La combustion du bois « émet des polluants atmosphériques, notamment des particules, qui dépendent fortement du type d’appareil et de son ancienneté » mais les progrès technologiques permettent une réduction « très significative » de ces émissions, assure l’Ademe : pour une même quantité d’énergie produite, « un appareil récent performant émettrait jusqu’à 13 fois moins de particules fines qu’un foyer fermé antérieur à 2002 et jusqu’à 30 fois moins qu’un foyer ouvert, moyennant des pratiques d’installation, d’utilisation adéquates et d’entretien ».

L’Ademe recommande ainsi un renouvellement des appareils de chauffage au bois en faveur de modèles aux performances énergétiques améliorées (label Flamme Verte). La « transition » du chauffage domestique au bois en France est en cours : 37% des appareils utilisés ont moins de 5 ans et les systèmes à granulés connaissent « une croissance marquée » (80% de leur parc ayant été installé après 2012). L’Ademe souligne toutefois que 42% des inserts, foyers ouverts, poêles et chaudières du parc actuel ont été installés avant 2004.

Outre le choix de l’équipement, l’Ademe appelle à « diffuser et promouvoir les bonnes pratiques d’installation, d’utilisation et d’entretien » : bon dimensionnement des appareils de chauffage, allumage du feu par le haut, ramonage à réaliser par un professionnel une à deux fois par an (« 1 mm de suie induit une surconsommation d’environ 10% »). L’Agence recommande par ailleurs de veiller à la qualité des combustibles utilisés (« acheter du bois présentant un taux d’humidité inférieur à 20% ou faire sécher son bois en extérieur sous abri surélevé pendant plus de 18 mois ») et à la bonne gestion des entrées d’air durant la combustion du bois(3).

L’Ademe déplore le manque de communication de la filière bois, en particulier en « comparaison avec la communication massive sur le fioul et le gaz ». Elle souligne les nombreux avantages de cette filière : production domestique et emplois peu délocalisables(4), valorisation des feuillus de la forêt française et amélioration de la production de bois d’œuvre par ailleurs (« grâce aux éclaircies d’arbres »), etc. Pour les consommateurs particuliers, l’Ademe évalue le coût du chauffage pour un système à bûches (poêle, insert ou chaudière) entre 48 €/MWh et 78 €/MWh et celui d’un système à granulés entre 73 €/MWh et 103 €/MWh. « À titre de comparaison, le coût pour un chauffage au gaz ou électrique se situe entre 84 et 154 €/MWh », précise l’Ademe.

L’Agence estime ainsi que « le remplacement d’une chaudière fioul par une chaudière à granulés permet de faire 1 300€ d’économie annuelle de facture sur le combustible ». Le coût élevé d’investissement à l’installation (15 000 € à 20 000 € pour une chaudière à granulés) constitue encore un frein mais l’Ademe souligne la disponibilité de nombreuses aides publiques (crédit d’impôt pour la transition énergétique, dispositif CEE, etc.) et recommande aux particuliers intéressés de faire appel à un conseiller du réseau « FAIRE »(5).

Pour rappel, le chauffage compte en moyenne pour 67% des consommations énergétiques d’un foyer en France(6). Les logements dans l'hexagone sont très majoritairement chauffés au gaz et à l'électricité.

Sources / Notes

  1. Avis de l’Ademe sur le chauffage domestique au bois, mai 2019.
  2. 35% des utilisateurs d'appareils de chauffage au bois s'en servent par ailleurs « en appoint » et 17% « pour le plaisir ».
  3. « En l’absence d’automatisme sur les appareils à bûches, l’opérateur doit ouvrir les entrées d’air dès que la vitre s’encrasse ou fermer les entrées d’air 20 minutes environ après l’allumage selon les notices des appareils ».
  4. La filière de production de bois domestique et de fabrication, vente, pose et entretien des appareils de chauffage associés s’élevait à 15 560 emplois directs « ETP » (emplois temps plein) en 2015 selon l’Ademe, soit « plus de 19% des emplois dans les énergies renouvelables ».
  5. Réseau « FAIRE ».
  6. Guide « Se chauffer mieux et moins cher », Ademe, septembre 2018.

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