Objectifs climat 2040 : ralentir, c’est périr

Alexandre Joly

Responsable du Pôle Énergie, Carbone 4

Depuis une semaine, la France remet en cause l’objectif européen de - 90% d’émissions de CO2 d'ici à 2040, par rapport à 1990. La raison ? Préserver notre compétitivité dans un contexte de décrochage économique face aux géants américains et chinois. 

D’autres arguments ont été évoqués. Par exemple, développer une stratégie industrielle ambitieuse à l’échelle européenne. La Commission y contribue déjà avec dernièrement un nouveau régime d’aides d’État pour les technologies vertes. Ou encore, traiter sur un pied d’égalité nucléaire et renouvelable. 

Il est vrai que passer d’un objectif exclusif d’énergies renouvelables à un objectif d’énergies bas carbone (incluant le nucléaire) aurait plus de sens. Le vent est d’ailleurs en train de tourner avec l’assouplissement de la position de l’Allemagne. Mais tout cela ne justifie pas d’attaquer l’objectif global de baisse des émissions.

Prenons un peu de hauteur. Nous ne sommes pas les États-Unis, 1er producteur d’énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz naturel) au monde. En France, 60% de l’énergie consommée est fossile, et nous l’importons massivement pour une facture de 70 milliards d’euros en 2023. Autant d’argent qui sort du territoire et ne finance pas d’emplois chez nous.

Nous ne sommes pas la Chine qui a des décennies d’avance sur la planification de certaines technologies vertes. À l’échelle mondiale, elle traite la majorité des métaux de la transition (plus de 70% du cobalt, du cuivre, des terres rares, etc.) et elle produit plus de 80% des panneaux solaires et des batteries, 70% des véhicules électriques.

Tergiverser, c’est prendre le pire des deux mondes. Prenons l’automobile. Nos grosses voitures à l’américaine (le poids moyen d’une voiture est passé de 800 à 1 200 kg en 40 ans) surconsomment énergies et matériaux que nous devons importer. Maintenir des motorisations thermiques tout en hésitant à développer l’électrique (50% des véhicules vendus en Chine sont électriques alors que leur part stagne à 20% en Europe) laisse toute la place à la Chine pour devenir hégémonique.

Mais nous avons encore des atouts : le ferroviaire avec des champions internationaux (Alstom, Siemens), le nucléaire (EDF, Orano), l’éolien (Vestas, Orsted). Ces filières représentent des millions d’emplois et des milliards d'euros d’excédents commerciaux.

Alors accélérons et créons les champions de demain pour stimuler notre économie : pompes à chaleur, géothermie, rénovation des bâtiments, panneaux solaires low tech et facilement recyclables, véhicules électriques légers modulaires, IA bas carbone et responsable, l’industrie de la réparation, des modèles d’affaires disruptifs qui facilitent la mutualisation de nos équipements.

Le pacte vert européen est la clé de voute pour nous affranchir des énergies fossiles, prendre notre destin technologique en main, et inventer notre économie de demain. À la clé, souveraineté, emploi et excédents commerciaux. Revoir à la baisse nos ambitions climatiques comme simplifier les exigences environnementales, c’est rester vulnérable face aux aléas géopolitiques. 

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Commentaire

Cochelin
Des belles incantations qui vont se heurter à un mur d'investissements considérable dans un pays désargenté et hyper-endetté, et dépendant de l'Asie pour ses matières premières!
ERNST Maggy
Je partage votre enthousiasme pour les énergies renouvelables pilotables. Il y a beaucoup à faire pour la chaleur et la climatisation qui représentent un budget important pour les ménages et les collectivités.La rénovation énergétique est également une piste à privilégier.Ces domaines crééent de l'emploi en France,ne détruisent pas l'environnement et la biodiversité,ce qui n'est pas le cas de l'éolien et du solaire (matériel importé) qui de plus nous coûtent particulièrement cher..La précarité énergétique est passée de 6% à 12,1% entre 2012 et 2023 en France et de 4,7% à 8,2% en Allemagne (source Eurostat).Pendant ce temps là les prix de l'électricité ont doublé. La compétitivité de la France et de l'Europe est mise à mal. En France selon la TRIBUNE de ce jour: "L'année dernière, les défaillances d'entreprises dans l'industrie ont augmenté de 13 % quand les plans sociaux ont grimpé de 34,8 % et que les investissements directs étrangers ont diminué de 7 %." et ce début d'année n'est guère brillant. Selon Euractive hier Mme Ribera annoncé: "L’Union européenne a décidé d’autoriser les subventions aux coûts d’exploitation des entreprises énergivores afin d’empêcher leur délocalisation où l’électricité est moins chère." Il faut arrêter les délocalisations de nos entreprises certes!! Mais les subventionner et ne pas remettre en cause les choix énergétiques qui sont la cause de cette perte de compétitivité est aberrant et n'est rien d'autre qu'une fuite en avant. Quelqu'un devra payer!... et on sait que ce sont à nouveau les consommateurs qui paieront. Le refus du nucléaire et de l'hydraulique comme base au profit de l'éolien et du photovoltaïque est une erreur économique, écologique et sociale. Enfin, il faut tenir compte du fait que la France ne pèse qu 0,7% des émissions de CO2 et l'UE 7%.
COCHELIN
En bref, de très grosses dépenses pour un résultat pratiquement nul au niveau du climat. Il faut donc évaluer un peu mieux toutes ces aides et subventions publiques.
Freudon-Sake
- Incantations, incantations, sectes et nouveaux gourous !  - Pourquoi le poids des voitures augmentent ?  - A cause des obligations religieusement inutiles dictées par l'UE + les batteries.  - Le nucléaire et les soi(disant énergies vertes ne sont ni décarbonés, ni renouvelables, ce sont des minerais critiques qui consomment des milliards de m3 d'eau potable et qui émettent des milliards de tonnes de co2.  - On ne peut pas pas capter le co2 des exploitations minières, en revanche, on peut capter intégralement le co2 d'une centrale à charbon supercritique, qui va produire à 20 euros du Mwh pour des industriels à proximité de l'exploitation et donc, sans pertes dû au transport.  - Pendant que l'UE bafouille piteusement sur les virgules, comme elle baisse sa culotte devant Trump en ouvrant en grand les portes aux produits chinois, la Chine, elle, augmente sa production de charbon, pour vendre encore plus en Europe !  - https://www.planete-energies.com/fr/media/chiffres/production-mondiale-charbon  - Foutage de gueules total, 12 milliards d'Euros donnés à l'asie centrale, pour aménager une nouvelle route de la soie écarlate, passant par la Caspienne, que les pays riverains sont en train d'assécher !  - Les mêmes qui font ça, Von der Layen en tête, parlent sans cesse de sauver le climat...  - Pourtant, nous avons tout ce qu'il nous faut pour produire à domicile.  - "En Moselle-est, les chercheurs estiment que les stocks de charbon restent très importants. Un siècle et demi d’exploitation n’aurait permis d’en prélever qu’un tiers. "L’histoire du fer et du charbon" dans son édition de 2004 évoque le chiffre de 630 millions de tonnes de charbon en réserve."  - https://france3-regions.franceinfo.fr/grand-est/moselle/metz/20-ans-apres-la-fin-du-charbon-et-si-on-rouvrait-les-mines-2957891.html  - A savoir, il y a des terres rares dans les cendres.  - https://www.labottega-pinseria.fr/business/81601-un-gisement-colossal-de-terres-rares-estime-a-plus-de-84-milliards-de-dollars-vient-detre-trouve-dans-un-lieu-inattendu/  - Même si des véhicules thermiques roulant avec un E85fuel, hybridé en 68v, n'ont pas besoin de terres, peut-être même que le pot catalytique devient inutile.  - Produire un bioéthanol qui émet 90% de co2 en moins avec une électricité à 20 euros du Mwh, c'est 3 X 1/2 moins cher pour la part de l'électricité, que le nuke à 70 euros et 6 fois moins cher que les EPR donnés pour le moment à 120 euros.  - Idem pour produire l'Efuel.  - Capter le co2 des usines, c'est 10 fois moins cher que de le capter dans l'atmosphère, et, dans le cas présent, sans stockages, bombes à retardements avec dégazages massifs.  - L'hydrogène du gaz de houille, c'est 4 fois moins cher que l'électrolyse nucléaire.  - Le gaz de houille, depuis des plateformes multimodales ferroviaires et fluviales, peut aussi servir de carburant aux camions de livraisons effectuant les derniers kilomètres.  - Toute l'Europe a des stocks de charbon !  - Concernant le chauffage, 90% du territoire peut être couvert par la géothermie de surface.  - Pour les besoins des appareils électriques en milieu rural, 270000 km de cours d'eau, des roues à aubes, tarif de rachat, entre 8 et 18 cts du kwh, également, plus de 400000 km de conduites d'eau potable, donc, pour les villes, avec l'électricité des incinérateurs et les réseaux de chaleur.  - Le minerais indispensable à tout ceci, le fer, le minerais le plus présent sur Terre, nos amis australiens, en ont à vendre, et ils sont très compétitifs.  - Mais, les administratifs de l'UE, se prenant pour des dieux, veulent nous transformer à leur image, en soubrettes du dictateur chinois.  - Libérons Prométhée !  - Que son feu illumine les hommes libres.
Freudon-Sake
erreur : Le réseau d'eau potable = 900000 km.
Albatros
Ne serait-ce pas surtout que cela grèverait les activités et par conséquent le chiffre d'affaires de Carbon4, cette officine opportuniste par excellence ?
Ceyal
bien evidemment le prechi-precha habituel du GIEC et de Carbone4 connait un grand succes en chine, en Inde, aux usa,au Canada, en russie, en indonesie ... ces petits pays à faible population dont la production de CO2 n'a qu'une incidence marginale sur le climat.
brussol
En FRANCE où l'électricité est déjà décarbonnée les électricités renouvelables pilotables sont toujours les bienevenues par contre les ENR intermittentes avec la priorité qui leur sont données sabordent notre système électrique et notre économie par l'augmentation du coût du kwh. Dans les années 197. la France avait le meilleur kwh au monde (prix, qualité, CO2) maintenant avec le coût des rénouvelables nous sommes hors jeu face à la Chine et aux Etats Unis et désormais l'augmentation des enr intermittentes augmentent aussi le rejet de CO2 puisqu'elle se fait au détriment du nucléaire
Bruno Thirion
Votre article est un tissu de contradictions entre energie consommée fossile en France (60%) dans lequel vous incluez surement le nucléaire et voitures électriques en Chine pays dans lequel l'électricité produite est essentiellement fossile et hypercarbonée !!!! Votre article est indigne d'une information honnête sur la connaissance des énergies

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