En Arabie Saoudite, les premières éoliennes arrivent à l'usine d'hydrogène vert de Neom

  • AFP
  • parue le

Les premières éoliennes sont en train d'arriver à l'usine saoudienne d'hydrogène vert de Neom, que les autorités présentent comme la plus grande du monde dans son domaine, a annoncé mardi à l'AFP le patron du projet, David Edmondson.

"Cette semaine, nous avons notre première livraison d'éoliennes. Elles sont bien arrivées au port de Neom et seront livrées sur site en fin de semaine", a déclaré M. Edmondson, PDG de Neom Green Hydrogen Company (NGHC).

Une trentaine d'éoliennes doivent être livrées d'ici la fin de l'année, ainsi que les premiers panneaux solaires du projet, a-t-il ajouté. D'une valeur de 8,4 milliards de dollars, l'usine utilisera l'énergie solaire et éolienne pour produire jusqu'à 600 tonnes d'hydrogène vert par jour d'ici fin 2026, selon les autorités. Toute sa production sera destinée à l'exportation.

L'Arabie saoudite, premier exportateur de pétrole brut au monde, est très critiquée dans les négociations climat de l'ONU, pour ses réticences à accélérer la fin de la dépendance de l'humanité aux énergies fossiles, cause essentielle du réchauffement climatique. Mais le royaume saoudien a entamé des réformes pour diversifier son économie et bâtit cette usine au port de Neom, mégapole futuriste de 500 milliards de dollars en construction au bord de la mer Rouge.

Neom a jusqu'alors surtout fait la une des médias pour "The Line", immense projet de gratte-ciels recouverts de miroirs et alignés sur plus de 100 km en terrain montagneux et désertique. L'usine d'hydrogène vert est, elle, située dans la zone appelée Oxagon de Neom, que des responsables saoudiens décrivent comme "un écosystème industriel avancé et propre".

« Une industrie naissante »

L'hydrogène est produit par électrolyse de l'eau et n'est considéré comme "vert" que si l'électricité utilisée pour générer l'électrolyse provient d'énergies renouvelables, comme l'éolien ou le solaire. Il s'agit ainsi de ne pas émettre de CO2 et pour l'Arabie saoudite, de contribuer à la lutte contre le changement climatique tout en entamant sa transition vers la production d'autres carburants que l'or noir.

L'hydrogène vert produit à Neom sera converti en ammoniac vert pour faciliter son transport, puis reconverti en hydrogène vert à destination, pour finalement servir de carburant "dans des secteurs tels que les transports et l'industrie lourde", selon une note de NGHC. "Si tout cet hydrogène vert était utilisé sur le marché des camions lourds, cela permettrait d'économiser jusqu'à cinq millions de tonnes de CO2 par an par rapport aux camions ou bus diesel" actuellement en circulation, précise la note. Soit l'équivalent de moins de 1% des émissions annuelles de gaz à effet de serre de l'Arabie saoudite.

L'annonce de M. Edmondson intervient peu avant l'ouverture des négociations sur le climat de la COP28, le 30 novembre prochain à Dubaï, aux Émirats arabes unis. Le patron de NGHC s'est entretenu avec l'AFP en marge de la Semaine du climat de la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord), une conférence organisée par l'ONU à Ryad, en prélude à la COP28. Un mécanisme qui doit permettre aux entreprises saoudiennes de compenser leurs émissions de gaz à effet de serre, et une "feuille de route" pour planter à terme dix milliards d'arbres à travers le royaume, ont aussi été dévoilés à cette occasion.

L'Arabie Saoudite reste néanmoins la cible de virulentes critiques d'écologistes, qui lui reprochent ses appels à accroître les investissements dans les combustibles fossiles. Une politique que Ryad juge nécessaire à sa sécurité énergétique, et qui est également soutenue par Sultan Al Jaber, à la fois président de la COP28 et patron du géant des hydrocarbures émirati ADNOC.

Pour NGHC, le fait que toute sa production sera exportée est due à une demande locale limitée comparé aux marchés occidentaux, a expliqué M. Edmondson : "le marché local n'est pas suffisamment mature". Par ailleurs, l'hydrogène vert est une "industrie naissante" et le PDG reconnaît une "incertitude" quant à la demande du fait de son coût élevé, mais il se dit convaincu qu'il s'agit d'un outil important pour permettre aux entreprises d'atteindre leurs objectifs de zéro émission nette.

L'Arabie saoudite a pour sa part annoncé en 2021 son objectif de neutralité carbone d'ici 2060.

Ajouter un commentaire

Suggestion de lecture