Déchets radioactifs: plus de 20 ans de contestation à Bure

  • AFP
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Entre décisions politiques, travaux, affrontements physiques et bataille juridique, les principales étapes du projet Cigéo d'enfouissement de déchets nucléaires à Bure (Meuse), dont les opposants ont été expulsés du site jeudi par la gendarmerie.

Lancement du projet

1991 - Vote de la Loi Bataille (du nom de son rapporteur, Christian Bataille, alors député PS) qui définit plusieurs options pour la gestion à long terme des déchets radioactifs: transmutation (décomposer les déchets), entreposage en surface ou enfouissement.

1998 - Bure est retenu parmi trois sites pour installer un laboratoire d'études sur le stockage souterrain. Des premières manifestations réclament l'abandon du projet.

2000 - Début des travaux, menés par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). Les opposants manifestent régulièrement et déposent des recours administratifs, rejetés.

Accident mortel et premières violences

2002 - Le 15 mai, un ouvrier meurt écrasé par un tube d'aération sur le chantier du laboratoire. Un juge prononce en juin l'arrêt des travaux pour 5 mois pour de "graves manquements en matière de sécurité". Ils ne reprendront qu'un an plus tard.

2005 - En juillet, des échauffourées éclatent entre manifestants et gendarmes.

2006 - Le Parlement adopte en juin un projet de loi pour enfouir les déchets nucléaires les plus dangereux à partir de 2025.

En août, quatre manifestants sont condamnés à des peines allant de 6 à 10 mois de prison avec sursis pour des jets de pierres sur les gendarmes.

Affrontements physiques et juridiques

Mai 2013 - Les réunions publiques, obligatoires pour que Bure accueille, après le laboratoire, le site d'enfouissement des déchets, sont perturbées par les opposants, qui dénoncent un débat tronqué. La consultation se poursuit sur internet.

Mai 2014 - L'Andra retarde l'échéancier, ajoutant une phase pilote à partir de 2025.

26 janvier 2016 - L'éboulement d'une galerie à 490 mètres sous terre coûte la vie à un technicien.

7 juillet - Des militants sont évacués du bois Lejuc, où doivent être construites les cheminées d'aération des galeries souterraines.

L'un des gendarmes est mordu par un opposant, condamné à 6 mois de prison avec sursis.

11 juillet 2016 - Le Parlement autorise la poursuite du projet Cigéo, précisant sa "réversibilité" (possibilité de retraiter différemment les déchets enfouis si de nouvelles technologies le permettent dans le futur).

1er août - La justice suspend les travaux, qui s'apparentent à du défrichement et non du déboisement, nécessitant donc une demande en préfecture.

La lutte s'intensifie

28 février 2017 - Le tribunal administratif de Nancy invalide la cession du bois Lejuc à l'Andra par le conseil municipal de Mandres-en-Barrois, pour un problème de procédure de vote.

23 mars - La justice déboute les opposants qui accusaient l'Andra d'avoir volontairement sous-estimé la richesse du sous-sol de Bure pour faciliter son projet. Un mois plus tard, elle ordonne l'expulsion des militants du bois Lejuc.

19 mai - Mandres-en-Barrois confirme la cession du terrain, des violences éclatent après le conseil municipal.

17 juillet - L'Andra annonce le report d'un an, de 2018 à 2019, du dépôt de la demande d'autorisation de construction.

15 août - Des incidents éclatent après une manifestation, faisant des blessés parmi les militants et les gendarmes.

Janvier 2018 - L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) juge le projet bien avancé mais émet des réserves concernant certains déchets très inflammables, demandant à l'Andra de revoir sa copie, sous peine de ne pas autoriser l'enfouissement.

30 janvier - Un opposant est condamné à un mois de prison ferme pour rébellion.

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