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EDF a indiqué jeudi avoir déjà demandé à Framatome "de lancer la production de certaines pièces forgées" pour de nouveaux EPR, sans attendre que le gouvernement français ait décidé de lancer ou non un programme de construction de réacteurs.
"Sans préjuger de la décision qui sera prise par le gouvernement de renouveler ou non le parc nucléaire, EDF, en sa qualité d'industriel responsable et en tant que chef de file de la filière nucléaire, met tout en œuvre pour s'assurer que le tissu industriel sera en capacité d'honorer la construction de nouveaux EPR si une décision était prise en ce sens", a indiqué un porte-parole d'EDF à l'AFP. "Afin de maintenir les compétences de la filière et de tenir compte des délais de fabrication, dans l'attente de cette décision, EDF a demandé à Framatome de lancer la production de certaines pièces forgées", a-t-il poursuivi.
Le président Emmanuel Macron s'était déplacé en décembre à l'usine Framatome du Creusot (Saône-et-Loire) afin de soutenir la filière. "Notre avenir énergétique et écologique passe par le nucléaire", avait-il alors déclaré, mais en annonçant seulement une commande dans le domaine militaire.
La France envisage de construire six nouveaux EPR mais la décision n'est pas encore prise et ne le sera pas avant le démarrage de l'EPR de Flamanville (Manche), ce qui la renvoie au prochain quinquennat. Le gouvernement attend d'EDF qu'il lui remette à la mi-2021 une offre pour l'éventuelle construction de nouveaux EPR améliorés, plus simples et moins chers (EPR2).
La France tire quelque 70% de sa production d'électricité du nucléaire et la question d'un éventuel renouvellement du parc - aujourd'hui vieillissant - pour accompagner l'essor des renouvelables est cruciale.
La France pourrait techniquement tirer l'essentiel de son électricité des énergies renouvelables à l'horizon 2050, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et le gestionnaire du réseau RTE, mais à de multiples conditions techniques et industrielles, ont-ils souligné dans un rapport publié mercredi.
"Un scénario à 100% ou majoritairement renouvelables" n'est "pas réaliste", a réagi jeudi le Groupement des industriels français de l'énergie nucléaire (GIFEN) dans un communiqué. Il rappelle que l'étude a été menée pour l'instant sous le seul aspect technique et ne prend pas en compte "l'ampleur des changements de modes de vie qui seraient nécessaires pour mettre en oeuvre un mix majoritairement renouvelables". "Les scenarios envisagés sont conditionnés à des impératifs stricts, cumulatifs, et difficiles à atteindre, en termes de stabilité du système électrique, de sécurité d'alimentation, de réserves opérationnelles ainsi que de développement des réseaux et des infrastructures", souligne le GIFEN.
Xavier Ursat, directeur exécutif d'EDF en charge de l'ingénierie et des nouveaux projets nucléaires, avait vanté mercredi un "un système électrique qui s'appuie sur les deux jambes du renouvelable et du nucléaire". La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, peu favorable au nucléaire, avait salué pour sa part la publication du rapport en le qualifiant de "moment copernicien pour le monde de l'énergie".