Le PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy rempile avec une feuille de route chargée

  • AFP
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Le PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy doit être officiellement reconduit à la tête de l'électricien lors d'une assemblée générale jeudi, avec pour mission de mener à bien d'importants chantiers ces prochaines années.

En février, le président Emmanuel Macron s'était officiellement prononcé pour son renouvellement pour quatre ans à la tête d'EDF, dont il est le PDG depuis fin 2014. Il doit encore être adoubé lors de l'assemblée générale des actionnaires, qui se tiendra jeudi matin à Paris. Une formalité puisque l'Etat est actionnaire à 83,66% d'EDF et dispose donc d'une très large majorité des votes.

Mais le choix est d'importance : l'État a chargé M. Lévy d'une réflexion sur une possible réorganisation de l'électricien, qui doit aussi mener à bien d'importants chantier industriels comme l'EPR de Flamanville.

L'Assemblée nationale et le Sénat, où M. Lévy a été longuement auditionné, ont déjà donné leur feu vert. Ce sera la première fois dans l'histoire récente d'EDF - depuis les mandats de Marcel Boiteux, qui en a été président jusqu'en 1987 - qu'un dirigeant effectuera plus d'un mandat à la tête de l'électricien.

L'État a ainsi choisi la continuité à la tête d'EDF au moment où l'entreprise est confrontée à de nombreux défis. "Il s'agit d'abord de sécuriser l'avenir de l'entreprise, en renforçant sa performance économique", avait exposé Jean-Bernard Lévy lors de son audition devant les sénateurs début mai. "Parallèlement, je souhaite que mes prochaines années à la tête d'EDF, si vous le voulez bien, puissent être l'occasion de poursuivre la transformation dans laquelle l'entreprise s'est engagée avec détermination".

EDF a annoncé mardi un chiffre d'affaires en hausse au premier trimestre et confirmé ses objectifs annuels.

Feuille de route

"Il a une volonté de faire une stratégie industrielle mais sa feuille de route va être contrainte", juge Julien Lambert, responsable des questions industrielles à la FNME-CGT. "Jean-Bernard Lévy va mettre en oeuvre ce que l'actionnaire majoritaire lui demande, donc l'État", relève-t-il.

L'État a ainsi demandé à la direction d'EDF une réflexion sur de possibles "évolutions du groupe", pour garantir sa capacité à investir dans le nucléaire mais aussi ses autres activités, malgré son lourd endettement.

Une réorganisation dans laquelle les syndicats et certains élus voient un risque de scission et de démantèlement, malgré des promesses répétées de conserver un groupe "intégré". "On ne peut pas être spécialement favorable à la politique qui va être menée par le gouvernement par le biais de M. Lévy", indique Julien Lambert.

Le dossier de la possible réorganisation devrait quoi qu'il en soit beaucoup occuper le PDG d'EDF. "Tout son mandat va y passer" pour la mettre en oeuvre, estime un expert du secteur.

Flamanville attendu

La feuille de route d'EDF a aussi été tracée avec la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) à l'horizon 2028, dont l'État a présenté le projet.

Conséquence de la volonté de la France de rééquilibrer sa production d'électricité et d'y augmenter la part des renouvelables, l'électricien devra ainsi fermer l'an prochain sa centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin).

Devront ensuite suivre ses deux dernières centrales à charbon d'ici à 2022 - une promesse du gouvernement - à moins qu'EDF ne parvienne à convaincre avec son projet de conversion à la biomasse.

Le groupe devra encore accélérer sa présence dans les énergies renouvelables, alors qu'il est pour l'instant surtout actif à l'étranger dans ce domaine. Pressé par les ministres de la Transition écologique Nicolas Hulot puis François de Rugy, Jean-Bernard Lévy avait donné des gages de bonnes volonté durant son premier mandat, avec des plans de développement dans le solaire, le stockage et la mobilité électrique.

Sur le plan industriel, EDF doit en outre achever la construction du réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR à Flamanville (Manche), après de nombreux retards successifs et surcoûts. Son démarrage conditionne la réflexion sur l'éventuel lancement de nouveaux chantiers d'EPR en France, a prévenu le gouvernement.

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