Efficacité énergétique : malgré les ambitions, des progrès toujours insuffisants selon l'AIE

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Comment mieux utiliser l'énergie pour réduire les factures et lutter contre la crise climatique ? Malgré les promesses de doubler d'ici 2030 les progrès en matière d'efficacité de l'énergie dans les bâtiments, les transports et l'industrie, les efforts restent insuffisants, a souligné jeudi l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

« Le tout premier des carburants »

L'"efficacité" énergétique désigne l'ensemble des solutions techniques qui permettent de consommer moins d'énergie pour un même service rendu par un appareil ou par une technologie. A ne pas confondre avec la sobriété, liée à des changements de comportements (comme baisser son chauffage).

"L'efficacité énergétique est le tout premier des carburants avant le pétrole, le gaz, l'énergie solaire, l'hydroélectricité, le nucléaire", a résumé Fatih Birol, le directeur exécutif de l'AIE, en ouvrant la 10e conférence internationale sur l'efficacité énergétique qui réunit jusqu'à vendredi à Bruxelles 700 participants, représentants de pays et d'acteurs économiques.

"Nous devons améliorer l'efficacité énergétique" pour rendre l'énergie plus abordable pour les ménages, renforcer la sécurité énergétique des pays et la compétitivité des entreprises et pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, a souligné Fatih Birol au côté du commissaire européen à l'Énergie et au Logement Dan Jorgensen.

Le sujet de l'efficacité a fait un retour fracassant en 2022 avec la crise énergétique et la flambée des prix de l'énergie liée à la guerre en Ukraine. Cette préoccupation s'était concrétisée lors de la conférence climatique de l'ONU de la COP28 à Dubai fin 2023 par un appel de plus de 200 pays pour doubler le rythme annuel des mesures d'"efficacité" d'ici 2030 de 2% à 4%.

Le compte n'y est pas

"Lorsque nous regardons les chiffres des deux dernières années, l'amélioration de l'efficacité énergétique a été beaucoup plus lente que cela, ce qui, bien sûr, n'est pas une bonne nouvelle", a regretté Fatih Birol.

"Cela avance trop lentement. Nous devons en faire plus et (...) plus rapidement", a renchéri le commissaire européen Dan Jorgensen.

L'accélération de l'efficacité énergétique permettrait de "réaliser plus d'un tiers des réductions mondiales de CO2" entre aujourd'hui et 2030 dans le cadre d'un scénario de neutralité carbone à 2050, selon l'AIE.

Economiser dans la clim'

Dans un rapport de novembre 2024, l'AIE a estimé que le taux de progrès en intensité énergétique ne s'améliorerait que de 1% en 2024, un niveau similaire à 2023, soit moins bien que le taux de 2% mesuré en 2022 et sur la période 2010-2019, et donc encore loin des engagements à la COP28.

Ce ralentissement depuis 2022, s'explique selon l'AIE, "en raison d'une croissance de la demande énergétique plus rapide que la moyenne, combinée à une croissance économique plus lente que la moyenne", qui a freiné les investissements.

En 2024, les investissements combinés, publics et privés, en matière d'efficacité, y compris par l'électrification en remplacement des énergies fossiles polluantes, devraient augmenter légèrement d'environ 4%, pour atteindre le niveau record d'environ 660 milliards de dollars établi en 2022, selon l'AIE. Or ils devraient tripler entre aujourd'hui et 2030 dans un scénario de neutralité carbone à 2050.

Concrètement, l'AIE souligne que les gains d'efficacité obtenus sur deux décennies par le passé devront désormais être réalisés en moins d'une décennie.

Il faudrait ainsi s'attaquer rapidement au rendement énergétique des climatiseurs dont les modèles vendus dans le monde sont en moyenne "moitié" moins performants que les meilleurs disponibles sur le marché, relève M. Birol. Une problématique d'autant plus cruciale que l'appétit pour ces appareils dopé par la hausse des températures due au changement climatique est "le premier moteur" de la croissance de la demande d'électricité mondiale.

"Tout l'enjeu est d'accélérer le déploiement de la digitalisation et de l'électrification", estime de son côté Jean-Pascal Tricoire, président de Schneider Electric, un leader de la gestion de l'énergie, lors d'un entretien avec l'AFP. "Il faut beaucoup plus d'efficacité énergétique, or il n'y a que 10% des bâtiments (en France) qui sont digitalisés par exemple", pour contrôler les consommations énergétiques, souligne-t-il.

 

Commentaires

Serge Rochain
Quand on voit les freins mis en place par les climatoseptiques comme Trump, on n'est pas au bout des catastrophes

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