Face à un G20 divisé, Macron monte au front sur le climat

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Emmanuel Macron a fait du climat la mère de toutes les batailles au sommet du G20 d'Osaka, cherchant à gagner à l'international une image de champion de l'environnement qu'il peine à imposer en France.

La France en a fait "la priorité" du sommet: obtenir que les leaders des grandes puissances mondiales -- hors Etats-Unis -- réaffirment samedi leur engagement à lutter contre le réchauffement climatique, en s'appuyant sur l'accord de Paris signé en 2015.

Mais "ce n'est pas acquis", a reconnu vendredi l'Elysée. Qui craint que le président américain Donald Trump ne réussisse à convaincre d'autres dirigeants de suivre son exemple en tournant le dos à cet accord international.

Emmanuel Macron a fait monter la pression en fixant une "ligne rouge": la France ne signera pas la déclaration finale du sommet si elle ne défend pas "l'ambition climatique".

Un tel refus serait une première diplomatique pour la France dans l'histoire des sommets du G20, qui se terminent généralement sur une déclaration consensuelle, fruit de délicates négociations menées dans les coulisses par les "sherpas" des dirigeants.

Le chef de l'Etat assume, en prenant l'opinion comme témoin. "Nos concitoyens, à juste titre, vont nous dire: +Vous allez à l'autre bout du monde. Vous quittez le pays pour quatre jours. Votre bilan carbone est discutable et vous mettez des mots sur une page qui ne sert à rien?+", justifie-t-il.

L'Elysée affirme que la position de la "ligne rouge" est partagée par les dirigeants des autres pays européens membres du G20, comme l'Allemagne, ainsi que par le Canada.

Mais certains ne partagent pas sa détermination à bloquer des accords commerciaux entre l'UE et des pays se désengageant de l'accord de Paris, comme il menace de le faire avec le Mercosur si le Brésil prenait cette décision.

Il en a prévenu jeudi le président d'extrême-droite brésilien, Jair Bolsonaro, au cours de leur première rencontre en marge du sommet. Et il en débattra avec l'ensemble de ses homologues du G20 lors de leur séance plénière sur le climat prévue vendredi matin.

- "La foi des convertis" -

Sur le climat, Emmanuel Macron affirme avoir "la foi des convertis récents". Après avoir pris véritablement conscience de son enjeu central au "second semestre de l'année dernière", une période marquée par la démission du ministre de l'Ecologie Nicolas Hulot et le début de la mobilisation des jeunes contre l'inaction des Etats.

A l'étranger, il avait marqué les esprits dès 2017 en détournant le slogan de campagne de Donald Trump "Make America Great Again", en "Make Our Planet Great Again", lorsque ce dernier avait annoncé le retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris. L'année suivante, il avait reçu le prix de "champion de la Terre" décerné par les Nations unies.

En France cependant, les critiques et les réserves restent plus nombreuses que les louanges, les ONG regrettant régulièrement que les discours volontarites du président ne se traduisent pas dans les faits.

Cette semaine, les experts indépendants du Haut conseil pour le climat (HCC), mis en place par Emmanuel Macron, ont jugé que, malgré des "objectifs ambitieux", les actions engagées par le gouvernement étaient "insuffisantes" et les dispositifs déployés "trop faibles" pour que la France puisse atteindre la neutralité carbone en 2050.

Au Japon, le président a affirmé avoir entendu le message: le Haut conseil "nous dit qu'on ne va pas assez loin", donc "on va continuer à avancer. A changer nos méthodes".

Mais, a-t-il prévenu jeudi, pour que cette bataille soit efficace "il faut que les pays qui représentent l'essentiel des émissions s'y mettent".

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