- Connaissance des Énergies avec AFP
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L'accord international de 2015 destiné à garantir le caractère strictement pacifique du programme nucléaire iranien est entré en délitement progressif après le retrait unilatéral de Washington en 2018 et le rétablissement des sanctions américaines.
Lundi, l'Iran a indiqué produire désormais 5 kg d'uranium enrichi par jour, plus de dix fois plus qu'il y a deux mois lorsqu'il s'est affranchi d'un certain nombre de restrictions sur son programme nucléaire.
Trump sort de l'accord
Le 8 mai 2018, le président américain Donald Trump annonce le retrait des États-Unis de l'accord nucléaire et le rétablissement de lourdes sanctions économiques contre l'Iran.
Conclu en 2015 entre l'Iran, les États-Unis, la Chine, la Russie, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, l'accord avait permis la levée d'une partie des sanctions contre Téhéran en échange de l'engagement iranien à ne pas se doter de l'arme nucléaire.
Après le retrait américain, le président iranien Hassan Rohani se dit prêt à discuter avec Européens, Russes et Chinois pour voir comment les intérêts de l'Iran peuvent être préservés, tout en menaçant de reprendre l'enrichissement d'uranium.
Sanctions
Fin mai 2018, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo énumère douze conditions pour conclure un "nouvel accord", avec des demandes plus draconiennes.
Washington rétablit en août puis en novembre de sévères sanctions notamment contre les secteurs pétrolier et financier. De grandes entreprises internationales mettent fin à leurs activités ou projets en Iran.
M. Trump décide de mettre fin, à partir de début mai 2019, aux exemptions permettant à huit pays d'acheter du pétrole iranien sans enfreindre les sanctions américaines.
Désengagement progressif
Le 8 mai 2019, l'Iran annonce qu'il cessera de respecter à partir de fin juin deux mesures auxquelles il s'était engagé dans le cadre du pacte. Asphyxié économiquement par les sanctions, l'Iran veut mettre la pression sur les pays européens toujours engagés dans l'accord pour l'aider à les contourner.
Les États-Unis décident de nouvelles sanctions contre "les secteurs iraniens du fer, de l'acier, de l'aluminium et du cuivre".
Le 1er juillet, l'Iran, qui avait jusque-là respecté ses engagements selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), annonce le dépassement de "la limite des 300 kilogrammes" d'uranium faiblement enrichi, imposée par l'accord. Le 7, il confirme avoir commencé à enrichir l'uranium à un degré supérieur à la limite de 3,67% imposée par l'accord et menace de s'affranchir d'autres obligations dans "60 jours" si ses demandes ne sont pas satisfaites.
Le lendemain, Téhéran annonce qu'il produit désormais de l'uranium enrichi à au moins 4,5%, niveau supérieur au plafond fixé (3,67%), mais très loin du seuil requis pour une utilisation militaire.
Coup diplomatique
Le 25 août, le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif effectue une visite surprise en France, invité à Biarritz (sud-ouest) par Emmanuel Macron, en marge du sommet du G7.
Donald Trump se dit prêt à rencontrer Hassan Rohani "si les circonstances sont convenables". Le président iranien appelle Washington à "faire le premier pas en levant toutes les sanctions". Le 4 septembre, Téhéran acte l'échec de la tentative de médiation française, après que Washington a exclu toute dérogation aux sanctions.
Escalade
Le 14 septembre, des attaques contre des infrastructures pétrolières majeures en Arabie saoudite sont revendiquées par les rebelles yéménites Houthis soutenus par l'Iran.
Téhéran, qui dément, est accusé par Washington, Riyad, Berlin, Londres et Paris d'être derrière les attaques. Celles-ci réveillent la crainte d'une confrontation militaire avec l'Iran, alors que Washington et Téhéran ont frôlé l'affrontement direct en juin. M. Trump avait alors dit avoir annulé in extremis des frappes contre des cibles iraniennes après que Téhéran eut abattu un drone américain.
Enrichissement d'uranium
Le 26 septembre, l'AIEA indique que l'Iran a lancé le processus d'enrichissement d'uranium dans ses centrifugeuses avancées récemment installées. Téhéran avait annoncé le 7 avoir mis en route ces centrifugeuses.
Le 3 novembre, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, réaffirme son opposition à tout dialogue avec Washington. Le 4, Téhéran affirme produire désormais 5 kg d'uranium enrichi par jour et avoir mis au point deux nouveaux modèles de centrifugeuses avancées, dont l'un commence à être testé.