La Russie négocie son retrait de la compagnie pétrolière serbe NIS

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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La Russie négocie son retrait de la compagnie pétrolière serbe NIS, visée par des sanctions américaines, et a demandé à Washington l'extension d'une licence qui permettrait à cette société cruciale pour l'économie serbe de fonctionner normalement, a annoncé mardi la ministre serbe de l'Énergie.

Une demande envoyée à l'OFAC

Après plusieurs reports depuis janvier, le ministère des Finances des États-Unis a commencé à appliquer le 9 octobre les sanctions contre NIS, dans le cadre des sanctions plus vastes contre le secteur énergétique russe, face au refus de la Russie de mettre fin à la guerre en Ukraine.

Cette mesure risque de perturber gravement le secteur pétrolier serbe, mais aussi l'activité économique de ce pays des Balkans. "Les propriétaires russes de la société NIS ont adressé une demande à l'OFAC (le Bureau de contrôle des avoirs étrangers du Trésor américain, NDLR) pour solliciter une extension de la licence de fonctionnement, sur la base de négociations avec une tierce partie", a déclaré la ministre serbe de l'Énergie, Dubravka Djedovic Handanovic, sur Instagram.

"La partie russe est prête à céder le contrôle et l'influence dans la société NIS à une tierce partie", assure la ministre serbe, sans dévoiler le potentiel acheteur des parts russes dans la compagnie serbe. Les sanctions américaines menaçaient le secteur pétrolier aussi en Hongrie et en Bulgarie, voisines de la Serbie.

Si le président américain Donald Trump a accepté vendredi d'accorder à la Hongrie une dérogation aux sanctions liées au pétrole russe, le Parlement bulgare a voté le même jour une loi autorisant le gouvernement à prendre le contrôle d'une raffinerie de Lukoil à Bourgas, dans l'est du pays, afin d'éviter son arrêt.

Exploitant de la seule raffinerie dans le pays

Acteur principal sur le marché serbe du pétrole, NIS gère la seule raffinerie dans le pays, à Pancevo, près de Belgrade, qui approvisionne environ 80% du marché serbe. La Serbie a cédé en 2009 les parts majoritaires dans NIS au géant russe Gazprom Neft.

Dans la soirée, le président serbe Aleksandar Vucic a confirmé les négociations de l'État russe (...) avec une tierce partie", dans un premier temps sur la "structure de la direction" de la compagnie.

"Il faut voir si les Américains en seront contents (...) ou s'ils vont réclamer aussi le changement de propriété", a déclaré M. Vucic à une télévision locale, en ajoutant être "suffisamment déterminé à protéger les intérêts serbes".

Selon les dernières données disponibles, Gazprom Neft détient près de 45% de la société serbe. Sa maison mère, Gazprom, a récemment transféré 11,30% des parts à Intelligence, une société de Saint-Pétersbourg.

L'État serbe possède près de 30% de NIS et le reste est détenu par des actionnaires minoritaires.

Une décision espérée « dès cette semaine »

L'État serbe a "officiellement soutenu" la demande russe adressée aux États-Unis, a expliqué Mme Djedovic Handanovic, en ajoutant espérer que l'OFAC allait "exprimer sa position dès cette semaine". "Il y a de moins en moins de temps et il faut trouver une solution", a ajouté la ministre.

Des représentants du NIS ont précisé début novembre que la raffinerie de Pancevo avait des réserves de pétrole pour pouvoir tourner jusqu'au 25 novembre.

NIS emploie environ 13 500 personnes et gère plus de 400 stations-service, la plupart en Serbie, et environ 80 en Bosnie, en Bulgarie et en Roumanie.

Avec un chiffre d'affaires d'environ 3,3 milliards d'euros en 2024, la compagnie a fini l'année avec une perte nette de 153 millions d'euros, selon les chiffres qu'elle a publiés.

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