Le groupe chinois CGN sort du projet de centrale britannique Sizewell C

  • AFP
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Le chinois CGN va sortir du projet de centrale nucléaire britannique Sizewell C, dans lequel Londres va prendre une part de 50% aux côtés d'EDF, son principal maître d'œuvre.

L'énergéticien français et le gouvernement britannique détiendront chacun une part de 50% du projet, ont-ils indiqué. A l'origine EDF avait une part de 80% et CGN 20%. "Le gouvernement (britannique) va prendre une part de 50% dans le projet développé avec EDF et travaillera avec la société pour lever des capitaux", explique le ministère britannique des Entreprises et de l'Energie (Beis) dans un communiqué.

Londres a confirmé y injecter environ 700 millions de livres. L'énergéticien français y investit une somme équivalente et détiendra une part de 50%, à égalité avec Londres, a indiqué à l'AFP Simone Rossi, le directeur général d'EDF Energy.

M. Rossi a précisé que la somme allouée par Londres l'était "dans les deux réacteurs de Sizewell C" et comprenait "le coût de rachat des 20% de CGN dans le projet". Il s'agit du premier investissement direct de Londres dans un projet nucléaire depuis Sizewell B, dernière centrale électrique fonctionnant à l'atome achevée au Royaume-Uni, et dont la construction avait été approuvée en 1987, selon le ministère britannique.

CGN avait fait équipe avec EDF comme investisseur minoritaire au début du projet mais les tensions géostratégiques avec Pékin ont amené Londres à reconsidérer ce partenariat. L'ex-Premier ministre Boris Johnson avait déjà annoncé l'enveloppe de 700 millions de livres lors des tous derniers jours avant son départ de Downing Street début septembre.

Le nouveau gouvernement de Rishi Sunak a, depuis, lui aussi assuré que Londres irait de l'avant sur Sizewell C. Et lundi M. Sunak a estimé que "l'âge d'or" entre le Royaume-Uni et la Chine était terminé, prônant une approche plus pragmatique face au "défi systémique" posé par Pékin après l'arrestation à Shanghai d'un journaliste de la BBC.

Sizewell C devrait "créer 10 000 emplois hautement qualifiés et fournir au pays une électricité à bas carbone et fiable à l'équivalent de 6 millions de foyers pour 50 années à venir", se félicite l'exécutif.

Levée de capitaux

Londres et EDF vont désormais devoir lever des capitaux. Cette phase devrait durer 10 à 12 mois auprès de fonds de pension britanniques, fonds souverains ou investisseurs industriels, en vue de la décision finale d'investissement, prévue dans 18 mois. Sizewell C devrait au total coûter entre 20 et 30 milliards de livres (entre 23 milliards et près de 35 milliards d'euros), un ordre de grandeur similaire au coût de la centrale Hinkley Point C - la seule actuellement en construction dans le pays, un projet lui aussi porté par EDF.

"C'est un beau jour pour nous", estime M. Rossi. "Le gouvernement britannique prend ses décisions de façon professionnelle. Donc, c'est une marque de confiance (...) pour la filière nucléaire" française, assure-t-il. Pour lui, la participation directe du gouvernement britannique "est une étape essentielle".

En outre, la loi britannique "qui prévoit un préfinancement d'une partie des travaux sur les factures des consommateurs, et certaines garanties spécifiques de nature à rassurer les investisseurs et les protéger de risques liés à ce genre de projets" aideront celui-ci à aller de l'avant, poursuit-il.

La centrale Sizewell C comportera deux réacteurs EPR d'une puissance de 3,2 GW. Elle ne devrait toutefois pas être en activité avant au moins 2035. Le projet est contesté par les écologistes : l'ONG Stop Sizewell C a dénoncé mardi des "contradictions", affirmant notamment que la centrale ne pourrait "ni abaisser les factures, ni donner au Royaume-Uni une indépendance énergétique" tandis que les sommes à trouver restent selon elle "énormes".

Le Royaume-Uni veut parallèlement développer d'autres centrales nucléaires. De nouvelles annonces sont attendues en 2023, précise le communiqué du Beis.

Outre l'accent mis sur la sécurité énergétique depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, Londres s'est engagé à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 et sa stratégie pour y parvenir s'appuie largement sur le volet nucléaire, alors que le parc de centrales britanniques est vieillissant.

Commentaires

Serge Rochain

pas cons les chinois

Francois Marfaing

Déjà dans le Guardian de mai 2022 : "Sizewell C "pourrait coûter le double des estimations du gouvernement et prendre cinq ans de plus à construire". Un nouveau Flamanville ?
Les chinois quittent le navire à temps !

Max MAES

La Chine, c'est comme la Russie.
On ne peut pas faire confiance, on ne peut pas en dépendre.
Les dernière rencontres Albert Londres sur trois jours ont montré comment l'oppression s'est développée sur les Ouighours, et comment ce gouvernement nous berne et baillonne son peuple.
Alors, je m'étonne d'un commentaire "bas de gamme": "pas cons les chinois"..
La Grande Bretagne fait bien de ne pas lier son approvisionnement énergétique à la Chine.

Houyo

Max,
On ne peut pas vous donner tort et je pense même que vous avez raison.
Néanmoins je serais curieux de connaitre votre opinion sur la situation au Yemen. Ils en ont parlé aux rencontres Albert Londres? Et les brutalités policières qui seraient monnaie courante au Kazakhstan? Et l'état de la démocratie au Niger? Et les relation entre le Qatar et notre beau pays, patrie des droits de l'Homme? Qu'en déduisez-vous sur l'approvisionnement énergétique de la France?

Bref, la paille, la poutre, toussa toussa...

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