Les dirigeants mondiaux appellent à inclure tous les pays dans la lutte contre le réchauffement

  • AFP
  • parue le

Les dirigeants mondiaux ont appelé à agir davantage et à inclure tous les pays dans les efforts pour l'environnement, lors d'un sommet mondial virtuel sur le climat et la croissance durable qui s'est ouvert dimanche sous les auspices de la Corée du Sud.

La Corée du Sud - qui a récemment annoncé son intention de réduire le financement des projets internationaux impliquant le charbon - cherche à jouer un rôle plus important dans la lutte contre le changement climatique. "La Corée du Sud jouera un rôle responsable pour faire le pont entre les pays en développement et les pays avancés", a déclaré le président Moon Jae-in en ouvrant ce sommet P4G 2021 intitulé Partenariat pour la croissance verte et les objectifs mondiaux 2030 ou P4G.

Ce sommet de deux jours se concentre sur les partenariats public-privé, en particulier dans les pays en développement.

La chancelière allemande Angela Merkel a appelé les pays à éliminer progressivement leur dépendance aux combustibles fossiles, avertissant que le changement climatique menace la vie des gens et l'économie autant que la pandémie de Covid-19. Le gouvernement allemand a adopté ce mois-ci un plan d'accélération des ambitions climatiques du pays, qui vise désormais la neutralité carbone dès 2045, après que ses objectifs initiaux ont été retoqués par la Cour constitutionnelle.

Alors que les pays avancés ont pris des engagements ambitieux ces derniers mois pour réduire leurs émissions, le Premier ministre britannique Boris Johnson a souligné que les pays devaient désormais tenir leurs promesses. "C'est un bon début, mais ne nous tapons pas dans le dos pour l'instant parce que notre planète et notre peuple ont besoin de plus", a-t-il déclaré. "Nous avons besoin de gouvernements qui ne feront pas seulement des promesses sur le climat et la nature, mais joignent le geste à la parole".

Les pays africains ne doivent pas être "enfermés" dans les énergies fossiles et pouvoir avancer avec le reste du monde, a déclaré le président français Emmanuel Macron, appelant à des moyens d'attirer des investissements à grande échelle dans les énergies renouvelables.

"Ce n'est pas un partenariat mondial si certains luttent pour survivre", a ajouté le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. "Lutter de front contre le changement climatique aidera à protéger les personnes les plus vulnérables de la prochaine crise tout en soutenant une reprise riche en emplois après la pandémie", a-t-il déclaré.

Commentaires

Finzi

La seule voie possible est celle de la réduction massive des émissions de Gaz à Effet de Serre à l’échelle globale avant 2040. La compensation est une option complémentaire secondaire.

Pour résoudre le problème du réchauffement climatique il faut que chaque Etat signataire de l’Accord de Paris respecte ses engagements, mais aussi que tous les Etats Parties de l’Accord s’engagent dans une nouvelle action internationale commune complémentaire et concrète plus ambitieuse, capable d’accélérer le processus actuel et de réellement mettre un terme complet aux émissions de CO2 partout sur terre avant 2040.

S’il vous plaît, lisez attentivement ce qui suit, c’est la description de cette action internationale tant réclamée depuis 2015. Il s’agit d’une action internationale collective, commune, concertée, solidaire, juste, équitable, durable et mutualiste. Elle fait appel à une volonté et un style diplomatique climatique jamais exercés jusqu’à aujourd’hui, ainsi qu’à un courage politique impératif pour conduire au succès de cette initiative.

Avant de parler de cette action internationale collective, il faut reconnaître deux choses essentielles concernant l’évolution de la lutte mondiale contre le réchauffement climatique.
Premièrement, la difficulté, voire l’impossibilité pour tous les Etats de financer les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris faute de ressources suffisantes.
Deuxièmement, il faut désormais prendre en compte la responsabilité de la consommation mondiale de biens et de services dans les émissions de GES et plus particulièrement de CO2.

Que ce soit l’instauration de taxes carbone (les prix mondiaux du carbone sont encore bien en-dessous du « juste » prix), ou l’édification de marchés carbone de droits à émettre, les émissions de green bonds, ou l’emprunt obligataire, les plans de relance et le recours à la création monétaire, aucune mesure n’est suffisante pour financer correctement l’ensemble des engagements pris en 2015.
Monsieur Kerry affirme, avec raison, qu’il faut mettre sur la table entre 2500 et 4000 milliards de dollars chaque année durant trente ans pour vaincre le réchauffement climatique.
Je pense que cette estimation est correcte à l’échelle mondiale, mais je doute qu’elle soit réalisable, même divisée par la vingtaine d’Etats les plus riches de la planète et la trentaine aux revenus moyens.

Je vous propose donc une solution plus réaliste et facile à mettre en place pour collecter chaque année, de manière pérenne, entre 300 et 1000 milliards de dollars.

Explication : la production, la consommation et les exportations sont les moteurs de la croissance de notre « société de consommation ». La production est organisée pour satisfaire les besoins de la consommation, elle est au service de celle qui, « in fine », est la grande responsable des émissions de CO2. Selon une étude récente, la consommation de biens et de services représente à elle seule 70% des émissions de GES.

Cependant, à ce jour la consommation ne paie pas le tribut correspondant à sa responsabilité climatique et écologique. Il est donc temps de rehausser d’un ou deux points toutes les fiscalités indirectes (TVA et autres taxes) liées à la consommation de bien et de services, ainsi que celles des imports/exports, dans les pays riches et moyennement riches.
Il faut verser les compléments de taxes ainsi collectés dans un Fonds Mondial de Décarbonation et de les affecter aux transitions énergétiques et écologiques partout sur terre.
Cette collecte est juste, équitable et proportionnelle à la consommation de chaque Etat contributeur.

Nous pouvons dégager ainsi entre 300 et 1000 milliards de dollars chaque année, en fonds propres, sans avoir à recourir à l’emprunt, et créer ainsi un véritable instrument financier global au service de la lutte contre le réchauffement climatique. Cette collecte se fait sur la base du volontariat, sans aucune obligation d’adhésion ni de proportion de relèvement des taux des taxes concernées. Elle concerne une coalition d’Etats qui voudront s’engager volontairement et qui auront la liberté de leur adhésion ainsi que la liberté de choix des taux d’augmentation de leurs fiscalités indirectes. L’adhésion des populations des Etats concernés s’exprime par référendums à l’échelle nationale. Le libre consentement des citoyens « consommateurs » est ainsi recueilli. Les Etats contributeurs devront probablement relever les prestations sociales et les salaires minimum pour compenser la hausse des fiscalités indirectes des biens et des services. Les entreprises devront prévoir des hausses de salaires.

Même si l’ensemble des pays riches ou moyennement riches ne rejoint un tel projet coopératif, une coalition d’une partie d’entre eux peut voir le jour et agir pour l’ensemble de la communauté internationale, de manière solidaire, altruiste et désintéressée. Plus vite nous agirons dans ce sens, plus vite nous réaliserons la décarbonation de la planète avant 2040.
Je vous épargne le couplet à la gloire des Etats qui auront le courage historique de s’engager dans ce processus mondial solidaire, et qui seront considérés comme les sauveurs de l’humanité contre la catastrophe climatique en cours.

Ce processus collectif permettra de créer un Fonds Mondial de Décarbonation puissamment doté, dirigé par la coalition des pays contributeurs et capable de financer les investissements nécessaires aux transitions partout dans le monde, que ce soit le financement des mesures de réductions des GES ou d’adaptation, dans les pays pauvres notamment, mais aussi dans les pays riches, ou encore une partie des ODD. Pour réaliser cela, un Plan Mondial de Décarbonation doit être défini et mis en œuvre par le Fonds Mondial de Décarbonation.

Le plus dur à accepter reste à venir. C’est l’utilisation de ce budget annuel, sa répartition et son mode d’attribution.

Je m’explique : l’argent ainsi récolté devra être attribué sous forme de subventions directes, totales pour les installations déjà existantes, partielles pour les créations nouvelles, et non remboursables. Ces quatre conditions sont les préalables incontournables à la réussite du Plan qui va devenir le principal moteur de la croissance verte mondiale grâce à son effet levier.

Subventions directes signifie qu’elles sont attribuées directement aux responsables locaux, aux propriétaires d’installations, ou aux Etats. Totales signifie que ces subventions financent totalement les projets et non partiellement, ou en participation, pour les installations déjà existantes à remplacer. Non remboursables signifie une marge de manœuvre suffisamment grande et la garantie de la réussite à court terme de ces investissements.
L’ensemble des subventions est fléché et contrôlé par le Fonds Mondial de Décarbonation.

Je veux vous parler maintenant du premier objectif du Plan Mondial de Décarbonation, celui qui a motivé ma démarche et l’idée du Fonds Mondial de Décarbonation.

Le Plan a été conçu, en première intention, pour remplacer l’ensemble des centrales thermiques en fonction partout sur terre, par des moyens de production d’électricité verts, solaires, éoliens, hydroélectriques ou nucléaires, avec un programme sur dix ou quinze ans.
Nous pouvons ainsi éradiquer environ 30% des émissions mondiales de CO2 avant 2035 pour ce qui concerne la production d’électricité.
Le Fonds Mondial de Décarbonation intervient également dans les autres domaines responsables des émissions de GES, producteurs et consommateurs d’énergies fossiles. Son objectif est de financer l’éradication de la totalité des émissions mondiales avant 2040.

Ce défi nécessite de regarder la situation en face, de manière réaliste et d’opter pour des solutions pragmatiques. La réalité c’est que nous ne pourrons pas éradiquer la totalité du parc mondial de centrales thermiques à cause de contraintes technologiques essentiellement ou géotechniques. Mais nous pouvons en remplacer un très grand nombre, à chaque fois que cela est possible. L’objectif ambitieux à atteindre doit se situer aux alentours de 90%.

En même temps qu’il finance l’arrêt des centrales thermiques partout sur terre, le Plan doit se fixer comme objectif premier et prioritaire, en urgence, le financement du remplacement d’une partie importante des centrales thermiques chinoises et indiennes, à chaque fois que cela est possible, c’est-à-dire pour les petites et moyennes unités, ou les centrales peu ou non rentables, ou encore pour les grandes unités avec du nucléaire ou de l’hydroélectrique.

Vous avez bien compris : nous devons financer le développement énergétique électrique « vert et renouvelable » en Chine et en Inde, avec le remplacement des parcs existant, mais aussi celui du reste de la planète sur tous les continents, pour les pays riches comme les plus pauvres, sur la base du même scénario : financement direct, total et non remboursable.

Seul ce Plan peut aboutir au résultat décrit ici. Nous le savons, les Etats concernés ne le feront pas si nous ne leur proposons pas une aide internationale ciblée. C’est leur sacro-sainte croissance et leurs économies qui sont en cause et en jeu. Le monde est comme une copropriété dans laquelle, s’il faut changer certaines installations qui mettent en danger l’humanité, alors on cotise tous et on fait les travaux nécessaires.

Le Plan doit aussi proposer l’arrêt des projets futurs de ventes de centrale thermiques, en cours de négociation ou en cours de construction, et proposer le financement de projets alternatifs « verts » ainsi que les indemnisations liées à ces changements. Toujours sur le principe de financement des remplacements par des subventions directes, totales ou partielles selon l’état d’avancement des projets, et non remboursables.

Ainsi, le Plan doit proposer à la Chine et à l’Inde le remplacement local des centrales thermiques existantes ou à venir par du solaire, de l’éolien de l’hydroélectrique ou du nucléaire, totalement financé par les subventions du Fonds Mondial de Décarbonation. Le Plan doit garantir la propriété des installations de remplacement aux exploitants des centrales mises à l’arrêt, ou l’indemnisation lorsque ce sont des installations nucléaires ou de l’hydroélectrique qui les remplacent à grande échelle. Localement, des solutions de stockage massif doivent être installées pour suppléer les installations solaires ou éoliennes.

Si les Etats le souhaitent, le Plan peut financer la préservation des centrales thermiques arrêtées et non démantelées, considérant que ces installations sont un patrimoine technologique stratégique et qu’elles sont susceptibles d’être remises en service si les installations de remplacement venaient à défaillir ou tout autre problème majeur. Cet arrêt suppose un entretien dans le temps qui sera financé lui aussi, de manière pérenne, par le Plan.
Tout cela est valable en Chine, en Inde mais également dans tous les pays, riches ou non, détenteurs de centrales thermiques de production d’électricité.

La difficulté de ce plan réside dans la limite des capacités technologiques et celle des ressources humaines. Cependant, il faut quand même atteindre ces objectifs.

Financer toutes les transitions énergétiques et écologiques partout sur terre, éradiquer le maximum possible de centrales thermiques, indemniser les couts sociaux liés à ces transformations et indemniser les pays producteurs d’énergies fossiles à hauteur des pertes occasionnées durant plus ou moins un siècle sera probablement la partie la plus importante de l’utilisation des ressources du Fonds Mondial de Décarbonation durant quinze ou vingt ans.

Plus largement, le Fonds Mondial de Décarbonation doit financer l’efficacité énergétique partout où c’est nécessaire, dans tous les secteurs de la consommation d’énergies fossiles ou d’émissions de GES, que ce soit les logements, l’industrie, le transport, l’agriculture. Il doit financer également la préservation des forêts, la reforestation et la création de nouvelles forêts, toujours par le biais de subventions directes, totales et non remboursables.
Le Plan doit aider les Etats à financer leurs engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris et leur rehaussement permanent.

Il doit aussi contribuer financièrement à la recherche et au développement des technologies propres « vertes ». Le Fonds doit suivre les avancées technologiques et orienter ses financements vers les plus performantes et innovantes sans craindre de rebâtir sans cesse et de financer l’innovation performante, il est à la pointe du progrès technologique en permanence, le moteur de la croissance mondiale verte.

Pour conclure, je souhaite vous alerter sur une réalité climatologique qui semble échapper à la vigilance générale.

Comme vous le savez certainement, les épisodes forts d’El Nino se produisent statistiquement tous les 4 à 8 ans. Le dernier épisode important s’est produit en 2014. Il a porté l’augmentation de la température moyenne terrestre de +0,85° C à +1,25° C jusqu’en 2016 et au-delà.
En l’absence de la Nina et à cause de la progression permanente des émissions mondiales de GES, +2,5% chaque année, cette augmentation de la température n’est pas redescendue lors des années suivantes et se situe toujours à ce niveau environ +1,25° C. Cela a entrainé des désordres climatiques et des phénomènes extrêmes très graves sous toutes les latitudes.

Statistiquement, un prochain épisode fort d’El Nino va se produire au plus tard en 2022.
Il prendra naissance dans un climat mondial réchauffé au moins à +1,25° C, voire +1,3° C et va porter celui-ci à +1,65° C, de façon certaine, au plus tard en 2023. Nous aurons donc dépassé le seuil de +1,5° C dès 2023, c’est-à-dire demain et bien avant 2030, contrairement à ce qu’envisagent certaines études.

Selon ce même principe statistique de la naissance d’épisodes forts d’El Nino tous les 4 à 8 ans, l’absence de Nina et la hausse permanente des GES, la température de l’atmosphère terrestre augmentera d’environ +0,4° C tous les 4 à 8 ans et risque de s’établir à +2,0° C au plus tard en 2030 (mais aussi peut-être avant), et +2,5° C au plus tard en 2040, même avec le secours de Ninas compensatrices. Les +3° C seront atteints avant 2050 si ne nous faisons rien ou pas suffisamment pour contrer cette tendance.

« Nous sommes au bord du précipice » Antonio Guterres.

BEE

" Les pays africains ne doivent pas être "enfermés" dans les énergies fossiles et pouvoir avancer avec le reste du monde, a déclaré le président français Emmanuel Macron, appelant à des moyens d'attirer des investissements à grande échelle dans les énergies renouvelables"
cela m'étonnerait que l'on puisse éviter que les Africains continuent à déboiser pour la cuisson, alors que tous les pays Africains veulent passer au GPL de cuisson. La transition au GPL a enfin été recommandée par la Banque Mondiale pour éviter que le réseau électrique Africain soit mis à bas par les pics de cuisson à l'élctricité.

exemple d'inauguration du 1er depot de GPL en Guinée le 30 mai 2021 :
https://www.youtube.com/watch?v=634H-pXF4h4

Les Européens n'arriveront pas à obliger les Africains à faire autre chose que ce que les Africains veulent faire.

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