L'industrie française du pétrole mise sur les nouveaux carburants bas carbone

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Face au déclin annoncé du pétrole et à l'urgence climatique, les industriels français du secteur entendent se réinventer pour ne pas disparaître. Ils plaident pour le développement de nouveaux carburants liquides bas carbone, qui se heurte cependant encore à des obstacles.

"L'industrie pétrolière va se contracter et on ne lutte pas contre ça", a déclaré mardi Olivier Gantois, le président de l'Union française des industries pétrolières (UFIP), en présentant les perspectives du secteur lors d'une conférence de presse. Ce déclin figure d'ailleurs en bonne place dans les scénarios de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) pour limiter le réchauffement climatique, a-t-il rappelé.

Face à l'érosion de leur cœur de métier, les industriels essaient déjà de développer de nouvelles activités : électricité à partir de sources renouvelables ou de gaz, production d'hydrogène, capture et séquestration du CO2... Mais les professionnels espèrent aussi pouvoir continuer à vendre des carburants liquides bas carbone (CLBC) à l'avenir, à la place des essences et du gazole fossiles actuels.

"On va devenir sans doute quelque chose comme l'Union des fournisseurs d'énergie liquide", imagine le président de l'Ufip. "L'avenir est dans l'utilisation et le déploiement de biocarburants plus avancés et notamment les voies très prometteuses de la décomposition de la cellulose", estime notamment Olivier Gantois.

Les biocarburants sont déjà utilisés mais ceux de nouvelle génération, issus de coproduits de la sylviculture et de l'agriculture, n'entreraient pas en compétition avec d'autres usages, assurent les industriels. L'autre piste est celle des "carburants de synthèse", des "carburants issus de la recombinaison de l'hydrogène avec le CO2", selon M. Gantois.

"Avec l'ensemble de ces solutions, qui sont des solutions pour nous très réalistes à cette échelle, nous avons une proposition pour décarboner les carburants des différents types de mobilité d'ici à 2050", a-t-il assuré. Sans citer directement l'essor du véhicule électrique, il a évoqué les avantages comparatifs de ces carburants liquides: ils peuvent utiliser les infrastructures existantes et ne nécessitent pas de nouveaux moteurs.

Renouvelable mais pas illimité

Mais "ils coûtent plus cher à produire et pour faire en sorte que le coût soit acceptable pour le consommateur il va falloir mettre en place un dispositif réglementaire, sans doute fiscal", a ajouté M. Gantois.

La France a prévu la fin des ventes de voitures à énergies fossiles d'ici 2040. Mais l'Ufip plaide pour que ce ne soit pas la fin du moteur thermique pour autant. "Nous devons convaincre notamment les pouvoirs publics qu'on va mettre des carburants vraiment vertueux au regard de l'environnement", a déclaré le président de l'Ufip, en insistant sur le moindre contenu en carbone des nouvelles solutions. "Si c'est le cas, il y a une place demain pour les véhicules thermiques", a-t-il assuré.

Mais le bilan climatique des biocarburants dérivés du bois doit aussi inclure le carbone que ces arbres, coupés, n'absorberont pas, en tout cas avant la pousse de nouveaux arbres. "C'est maintenant qu'il faut qu'on réduise la pression sur les forêts et qu'on les laisse absorber davantage de carbone, qu'on les laisse croître", plaide Sylvain Angerand, de l'ONG Canopée. Ces forêts mettent longtemps à se renouveler et "renouvelable ne veut pas dire illimité", souligne-t-il. Or "il y a une compétition très forte aujourd'hui sur ces co-produits du bois" : énergie, papier, panneaux de bois pour la construction, textiles, bioplastiques etc.

Outre le défi environnemental, le secteur pétrolier a subi en 2020 une chute de la demande causée par la pandémie de Covid-19 (-53% pour la demande de carburants routiers en avril 2020) mais aussi un effondrement des marges de raffinage dans un contexte de surcapacités. "Si les marges de raffinage restent au niveau auquel elles sont, il pourrait y avoir un impact majeur sur l'emploi", a prévenu M. Gantois.

La France compte 8 raffineries en métropole et une en Outre-mer. Total compte cesser le raffinage fin 2023 sur son site de Grandpuits (Seine-et-Marne), pour y produire notamment des biocarburants et des bioplastiques.

Commentaires

Pierrick SAIL
Il faudrait commencer par des solutions simples comme interdire purement et simplement tous véhicules consommant plus de 3 litres de carburant /100km ... soit diviser par 2 la moyenne actuelle. En 2014 Les constructeurs français présentaient au salon de l'auto des voitures qui consommaient 2L/100km sans hybridation, ces projets ont été priés de rester dans les cartons pour ne pas faire d'ombre au secteur électro-nucléaire. Ça va faire grincer les dents des "testosteronés" addicts à la voiture statutaire ... mais ça ne devrait pas poser plus de problèmes que ça !
samuel gibon
Oui interdire 50% des voitures essence actuelles qui consomme plus de 5l/100 km, ce qui est mon cas ! Trouver une autre solution : electrique ? hybride ? hydrogène ? Effectivement pour reduire la production de CO2 dans l'atmosphère il faut mettre le paquet et y aller à fond dans l'electrique et l'hydrogène ! Dont acte !
Pierrick SAIL
la voiture électrique est une solution non aboutie dans la mesure où du puits à la roue, elle n'est pas très durable et en ordre de grandeur, on n'y est pas ... à ce moment ! Produire en masse de l'hydrogène, à la hauteur des besoins nécessaires pour parc auto. est là encore une utopie irréalisable à court et moyen terme !! par ailleurs une voiture à pile à combustible ne sait pas s'affranchir d'une batterie li-ion ... donc on tourne en rond! La seule solution prête, là tout de suite, est de diviser par deux le poids et la conso. des voitures.
Gui
Bonjour, quelle est votre source? Je suis intéressé par cette info. Cordialement et merci,
Oscar Brun
Bonjour, En 2000 on nous avais annoncer que l'on devrait avoir des voitures dont la consommation devrait être de 5L/100 et notamment Peugeot mais 20 après toujours pas, bien au contraire on fabrique des voitures de plus en plus lourdes donc qui consomment plus etc.. Maintenant on mise tout sur la voiture électrique et hybride rechargeable, donc plus de centrales ou des énergies renouvelables pour le parc automobile, une aberration, rien du côté du moteur classique. Par ailleurs arrêtons de déboiser à outrance sur la planète mais plantons plus d'arbres afin de compenser ce que l'on détruit ce qui n'est pas le cas actuellement.
Gui
Ou utilisons le bois pour stocker durablement le carbone... Par exemple dans la construction. De manière durable, sans détruire les forêts tropicales, bien évidemment.
BEE
J'attire votre attention que plus de 80% des Sub Sahariens brulent le bois et (pire) le charbon de bois pour la cuisson, sans alternative. En effet le taux d'electrification progresse mais les capacités n'incluent pas la cuisson à l'élecctricité, et la situation est très fragile avec beaucoup de délestage, bref l'électricité, fossile ou renouvelable n'est pas une alternative avant au moins 30 ans, le temps que la population doublera de 900 millions à 1900 millions en 2050 (BM). Il y aura donc une pression sur la forêt pour cette raison, à moins d'accepter temporairement l'usage du gaz en bouteille (BioGPL ou F-GPL), ce que demandent les gouvernements Africains et que la communauté internationale ne veut pas aider. C'est une situation d'enfermement dogmatique, surtout que en Amérique Latine, en Inde, en Indonésie et en Asie du sud-est, près de 90% de la cuisson est faite au GPL en bouteilles, et ils n'en changeront pas, car la bouteille de gaz est un stockage sûr et peu cher de l'énergie de cuisson. Rappelons que la cuisson à l'électricité génère 2 pics journaliers nécessitant près de 7 fois les besoins domestiques autres étalés sur 24h. La complexité des situations devraient nous rendre un peu moins dogmatiques et accepter que le GPL puisse sauver la forêt tropicale.
jean-jacques l…
Tout à fait d'accord, pour la ville , compte tenu des limitations de vitesse, la consommation des véhicules pourrait être limitée à 3 litres au 100 km. Par ailleurs, le carburant le plus décarbonné existe: le méthane. Décarbonné les autres peut se faire mais nécessite beaucoup d'énergie qui doit être décarbonnée aussi donc nucléaire ou renouvelable.
Gui
Bonjour, méthane = gaz naturel ou biogaz, nous sommes d'accord? Aussi, limiter la consommation des voitures implique de revoir le poids de ces dernières et c'était une proposition de la Convention citoyenne pour le climat qui a été vidée de sa substance par le gouvernement, avec un malus débutant à... 1800kg...
BEE
imprécis : Biogaz = 50% Méthane + 40% CO2 + 10% autres gaz souvent très polluants, selon l'origine du Biogaz

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