Macron au contact des maires, entre apaisement et fortes attentes

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Emmanuel Macron s'est rendu mercredi au contact des maires réunis à Paris pour afficher une relation plus "apaisée" que par le passé, mais assombrie par les attentes pressantes d'élus souvent pris à la gorge par l'inflation des prix de l'énergie.

"Monsieur le Maire, vous allez bien? Le moral est bon ? Ne lâchez rien!": le président a arpenté pendant près de quatre heures les allées du Parc des expositions de la Porte de Versailles, au milieu des élus, multipliant les poignées de main et les selfies dans les couloirs du Salon des maires, qui se trouve dans un autre pavillon que celui qui accueille le 104e Congrès de l'Association des maires de France (AMF).

Accueilli par le président LR de l'AMF, le maire de Cannes David Lisnard, il s'est approché des stands tenus par des groupes et des entreprises, suivi par les ministres de l'Intérieur, Gérald Darmanin, de la Justice Eric Dupond-Moretti, de la Cohésion des territoires Christophe Béchu et la ministre déléguée aux Collectivités territoriales Caroline Cayeux.

Des maires lui ont fait part de leurs problèmes, notamment sur "les prix délirants de l'énergie". Dans ses dialogues, il a souvent rappelé l'importance des élus, évoquant les violences qu'il peuvent parfois subir: "C'est une mission, un engagement civique, on a besoin d'eux. Ils sont les premiers à faire face à la violence de la société", a-t-il affirmé.

Cette année, l'Elysée a voulu innover: pas de discours de clôture au congrès de l'AMF pour le chef de l'Etat - il sera prononcé jeudi par la Première ministre Elisabeth Borne - mais une longue "déambulation" de plusieurs heures à leur salon, organisé parallèlement avec 1.200 exposants.

"Je préfère être à côté des maires et apporter des réponses concrètes", a-t-il expliqué, rappelant qu'il a prononcé quatre discours à l'AMF au cours de son premier quinquennat.

"C'est plutôt à la Première ministre de faire un discours. J'irai plutôt dans ce sens-là dorénavant, sinon, j'ai l'impression de faire toujours le même discours", a-t-il prévenu.

Emmanuel Macron prendra bien la parole devant un millier de maires, mais le soir lors de la désormais traditionnelle réception à l'Elysée.

Le choix de la mise en scène a fait grincer quelques dents, notamment dans l'opposition.

"Il confond le salon des maires et le salon de l'agriculture", déplore le socialiste André Laignel, vice-président de l'AMF. "Je trouve un peu étonnant que le président de la République ne se plie pas à l'exercice de faire un discours devant les maires de France", a renchéri la PS Carole Delga, présidente de Régions de France, qui a participé au congrès.

Entre la puissante association d'élus et le président, l'heure est néanmoins à l'apaisement après un premier quinquennat marqué par les tensions.

David Lisnard a estimé qu'Emmanuel Macron a "complètement changé" de discours en ouvrant la porte à "un nouveau chapitre de la décentralisation".

A Château-Gontier, en Mayenne, le président de la République s'était dit favorable en octobre à une "vraie décentralisation", accompagnée du transfert des "responsabilités", du "pouvoir normatif" et des "financements" nécessaires, par opposition à la "fausse décentralisation" en vigueur selon lui jusqu'ici.

- "Esbroufe" -

A l'Elysée, on veut au contraire voir dans l'embellie avec les collectivités "le fruit" des politiques initiées depuis cinq ans en faveur d'un accompagnement financier et d'un "retour de l'Etat dans les territoires", plutôt qu'un quelconque tournant.

L'exécutif met en avant l'ouverture de 2.600 maisons France Services d'ici fin décembre (soit cent de plus qu'initialement promis) ou la création de 35 sous-préfectures supplémentaires, dont six dès cette année.

Le gouvernement a aussi multiplié les gestes ces dernières semaines, avec l'annonce de 1,2 milliard d'euros supplémentaires aux collectivités locales sous forme de prêt pour accélérer la transition écologique et celle de cinq milliards d'ici 2026 pour "redynamiser" le centre de 234 villes moyennes.

Surtout, Elisabeth Borne a annoncé une hausse plus forte que prévu de la dotation globale de fonctionnement (DGF) pour les collectivités territoriales en 2023, à 320 millions d'euros, évoquant un effort inédit depuis treize ans.

De "l'esbroufe", a rétorqué David Lisnard, qui n'y voit qu'un modeste rattrapage, la DGF n'étant "pas indexée sur l'inflation depuis 2010".

Les élus s'inquiètent de la suppression d'impôts qu'ils percevaient, comme la taxe d'habitation sur les résidences principales et maintenant la CVAE, un impôt de production. Les communes sont d'ailleurs désormais tentées par une augmentation de la taxe foncière, un des seuls leviers fiscaux dont elles disposent encore.

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