Nucléaire : Siemens Energy fournira à Rolls-Royce des équipements pour les SMR

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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L'équipementier énergétique Siemens Energy a annoncé vendredi un accord en vue de faire du groupe allemand le fournisseur exclusif des technologies conventionnelles équipant les futurs petits réacteurs nucléaires SMR développés par le britannique Rolls-Royce.

« Renaissance mondiale de l'énergie nucléaire »

Dans le cadre de cet accord, qui devrait être finalisé d'ici la fin de l'année 2025, Siemens Energy fournira des turbines à vapeur, des générateurs et "d'autres systèmes auxiliaires" pour les centrales nucléaires modulaires de nouvelle génération, selon un communiqué du fabricant allemand.

Les termes financiers de l'accord n'ont pas été détaillés.

Les SMR (réacteurs modulaires avancés) sont des réacteurs nucléaires beaucoup plus petits que les centrales traditionnelles. Leur construction reste relativement simple et leur permet d'être fabriqués en série en usine puis transportés sur le lieu de leur exploitation.

"Nous assistons actuellement à une renaissance mondiale de l'énergie nucléaire", a déclaré Karim Amin, membre du conseil d'administration de Siemens Energy, cité dans le communiqué. "De nombreux pays se tournent vers la technologie nucléaire pour produire de l'électricité à faible taux d'émission, et les petits réacteurs modulaires joueront un rôle clé dans cette évolution", a-t-il ajouté.

Le parti conservateur allemand ouvert aux « mini-centrales »

Siemens Energy est déjà de longue date un fournisseur et prestataire de services de composants pour la partie non nucléaire des centrales atomiques.

Se voulant l'avenir du nucléaire civil, les réacteurs SMR ou AMR comptent de nombreux projets à travers le monde et plusieurs pays européens envisagent de s'équiper de cette technologie, comme la France, le Royaume-Uni, l'Italie ou la République tchèque.

Le premier réacteur SMR au monde, sous la forme d'un navire-centrale flottant, avait été mis en service dans l'Extrême-Orient russe en 2019.

En Allemagne, qui a fermé ses dernières centrales nucléaires en 2023, le parti conservateur qui a remporté les élections législatives se dit ouvert à l'innovation représentée par ces "mini-centrales" nucléaires.

Commentaires

Khammar Mrabit
Marfaing
On est très loin d‘un consensus industriel en Allemagne sur la reprise du nucléaire. Ce serait plutôt le contraire ! Joe Kaeser, président du conseil de surveillance de Siemens Energy après 15 ans à la tête du groupe Siemens : « L’énergie n’a pas besoin d’idéologie mais de la sincérité ! L’énergie se définit par un triangle à trois sommets Durable, payable, fiable. Retour sur l’énergie nucléaire comme le souhaite Friedrich Merz ? Faux. La réalité est qu’Il n’existe aucune centrale nucléaire dans le monde qui se justifie économiquement ! » Les deux fournisseurs majeurs d’électricité en Allemagne réagissent sur la proposition de la CDU sur le nucléaire « Les projets nucléaires actuels dans d'autres pays montrent qu'ils sont souvent deux fois plus chers que prévu et coûtent des dizaines de milliards de dollars ». Markus Krebber, président de RWE. Le patron d'Eon n'a « pas du tout envie » de suivre le plan Merz sur le nucléaire. Le chef de la CDU a évoqué un moratoire sur le démantèlement des centrales nucléaires. Le patron d'Eon Birnbaum n'y croit guère.
Jérôme RYCKEWAERT
Votre propos est intéressant, mais les choses changent et les besoins augmentent... Lorsque les consommateurs allemands en particulier, et les occidentaux en général, se rendront compte qu'il est minuit moins une et que nous avons un besoin massif d'énergie décarbonnée efficace et continue (ce qui exclut le photovoltaique et l'éolien), la panique va monter et l'on verra alors toute l'importance des SMR/AMR ! Alors autant s'y mettre tout de suite, comme Siemens, RollsRoyce, Nuscale, Oklo etc.
Jérôme RYCKEWAERT
Article : Les petits réacteurs modulaires pourraient éventuellement rendre la source d’énergie moins chère, plus sûre et plus rapide à construire --- https://www.wsj.com/business/energy-oil/big-tech-is-paving-the-way-for-a-nuclear-breakthrough-1b21c1a1?mod=article_inline
Marfaing Francois
L’idée des SMR n‘est pas nouvelle. En fait c’est le retour à la case départ. Cela rappelle l’histoire du NS Savannah réacteur PWR (Pressurized Water Reactor) de 74 MW thermiques, dérivé des sous-marins nucléaires militaires (USS Nautilus, 1954).Si on a fait des réacteurs plus gros par la suite c’était pour être plus rentable ! Oui, sur le papier tout fonctionne, mais ! D’abord remarquons que la technologie des SMR n’est pas nouvelle. On reste dans la fusion et le PWR (Pressurized Water Reactor). Malgré de très nombreuses expériences dans le monde entier, rien à ce jour ne permet d’espérer fournir une solution rapide et bon marché. C’est pour quand ? 2040 ? 2050 ? Pouvons-nous attendre aussi longtemps ? Quelques exemples : Le projet CAREM-25 en Argentine. De récentes estimations suggèrent que le coût du réacteur s’élèverait au moins à 800 millions de dollars, soit 32.000 dollars par kilowatt. Plus cher que l’EPR de Flamanville ! En Chine, dix ans se sont écoulés entre le début de construction et le fonctionnement à pleine puissance du premier SMR. Le bilan d’exploitation semble décevant et la capacité nominale a été abaissée, pour des raisons inconnues, de 200 à 150 MW. La Russie s’intéresse particulièrement aux SMR embarqués sur des barges. Deux de ces « réacteurs flottants » de 30 MW, Akademik Lomonosov, ont été couplés au réseau en décembre 2019, avec neuf ans de retard sur les prévisions. Depuis, leur performance est médiocre. Aux Etats-Unis, les estimations de coûts pour du projet NuScale de six modules avaient bondi à 9,3 milliards de dollars, et début novembre 2023, le projet était totalement abandonné. Mi–2024, EDF confirmait avoir abandonné le design d’origine de Nuward et réorienté le projet vers « un design construit à partir de briques technologiques éprouvées exclusivement. ». Les conséquences en termes d’échéancier et de coûts ne sont pas connues. Il y a des solutions sous nos yeux. Selon un rapport récent de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), le coût des batteries a chuté de 90 % en moins de quinze ans. Donc allons vers le stockage des renouvelables. Beaucoup d’études montrent que les EnR couplées au stockage de batteries sont aujourd’hui moins cher en production que le nucléaire historique en France. Surtout quand on stocke en surproduction à prix de gros proche de zéro voire négatif ! Un exemple : à fin 2024, l'Allemagne dispose d'une capacité de stockage par batteries d'environ 5-6 GW. A l’horizon 2030, ce seront entre 15 et 20 GW qui seront nécessaires pour accompagner efficacement l'intégration des énergies renouvelables prévue (65-70% de la production électrique). Comme pour le mix électrique les batteries ne sont pas la panacée mais bien un élément incontournable des solutions de stockage pour stabiliser et fluidifier la fourniture d’électricité.

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