Qatar : compte à rebours avant l'élection de l'organe législatif

  • AFP
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Le Qatar se prépare à l'élection samedi de la majorité des membres de son organe législatif, premier scrutin du genre mais qui ne devrait pas changer l'équilibre du pouvoir dans ce riche pays du Golfe, gouverné par la famille régnante des Al-Thani.

Jusqu'alors, les 45 membres du Majlis al-Choura, un organe consultatif sans grand pouvoir, étaient tous nommés par l'émir Tamim ben Hamad Al-Thani. Le 2 octobre, les Qataris pourront désormais élire 30 de ses membres et l'émir n'en choisira plus que 15. Et cette instance pourra proposer des lois, approuver le budget ou encore révoquer des ministres, prérogatives qu'elle n'avait pas avant.

Alors que seul le Koweït dispose d'un Parlement élu dans la région du Golfe, les experts ne s'attendent cependant pas à un tournant pour le Qatar, où les partis politiques restent interdits. Et de souligner que cette élection se tient dans un pays qui va être sous le feu des projecteurs dans près d'un an lorsqu'il accueillera la Coupe du monde de football.

"Il est important de comprendre que l'ambition n'est pas de créer une monarchie constitutionnelle mais d'accroître la participation" à la vie politique, explique à l'AFP le spécialiste du Golfe Andreas Krieg. Si le conseil obtient de nouveaux pouvoirs, le tout-puissant émir, dont le pays est le premier producteur et exportateur mondial de gaz naturel liquéfié, aura en effet un droit de veto.

Durant la campagne électorale, des affiches montrant les candidats, tous vêtus de l'habit traditionnel qatari, ont fleuri sur les murs des villes. Quelques rassemblements politiques ont eu lieu également. Sur la télévision d'Etat, point de vifs débats entre candidats mais des spots formatés.

« Division »

Les 284 candidats - dont seulement 28 femmes - ont dû être approuvés par le puissant ministère de l'Intérieur qui s'est basé sur toute une série de critères. Parmi les conditions à remplir pour participer au scrutin, les électeurs devront voter dans les circonscriptions où étaient établies leurs familles dans les années 1930. Et seuls les descendants de Qataris déjà citoyens du pays en 1930 ont le droit de voter et de se présenter comme candidats.

Des membres de l'importante tribu al-Mourra risquent de ce fait d'être exclus de ces élections, suscitant des débats animés sur les réseaux sociaux. Cette élection a "créé une division au sein de notre société, que nous, jeunes qataris, espérions voir disparaître", a ainsi déploré un électeur s'exprimant sous le couvert de l'anonymat à Doha. Mais des représentants des populations exclues du scrutin comme la tribu al-Mourra pourraient néanmoins être choisis par l'émir qui peut nommer 15 membres au conseil, selon des experts.

Selon des sources diplomatiques, des familles et des tribus ont déjà organisé des consultations internes pour déterminer le candidat à élire. À quelques jours du vote, des volontaires ont été mobilisés et sont en formation pour se préparer à l'organisation du scrutin, selon des médias locaux.

Les Qataris se sont déjà prêtés à l'exercice électoral, ayant déjà voté dans le passé lors de réformes constitutionnelles ou d'élections locales. L'élection des membres du Conseil, prévue initialement en 2004, a été reportée à plusieurs reprises.

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