Regain de tensions entre le Guyana et le Venezuela au large d'une région disputée

  • AFP
  • parue le

La zone maritime au large de la région de l'Essequibo, riche en pétrole et au coeur d'un différend territorial ancien entre le Guyana et le Venezuela, a été le théâtre samedi d'un regain de tensions, les deux pays s'accusant mutuellement d'activités illégales.

Le président du Guyana Irfaan Ali a dénoncé l'incursion dans la matinée d'un navire militaire vénézuélien dans les eaux de son pays, après quoi Caracas a insisté sur le caractère de son point de vue "illégal" de l'exploitation de pétrole par le Guyana.

"Vers 7 heures du matin, un patrouilleur de la marine vénézuélienne est entré dans les eaux guyaniennes" et "s'est approché de plusieurs actifs dans nos eaux exclusives", a dénoncé sur son compte Facebook le président Irfaan Ali.

Au niveau du "bloc" d'exploitation pétrolière dit "Stabroek", le patrouilleur vénézuélien a fait savoir à des navires guyaniens de production et stockage "qu'ils opéraient dans des eaux internationales contestées", alors que ces navires "opèrent légalement dans la zone économique exclusive du Guyana", a tenu à souligner M. Ali.

En réaction, le ministère vénézuélien des Affaires étrangères a réitéré sa position ancienne selon laquelle "ces eaux ne font pas partie du territoire guyanien, car il s'agit d'une zone maritime en attente de délimitation conformément au droit international".

L'Essequibo est une région de 160.000 km2 que le Guyana administre mais que le Venezuela revendique.

Ce différend ancien a été avivé depuis qu'en 2015 ExxonMobil a découvert des gisements qui confèrent au Guyana, pays de 800.000 habitants, les réserves de pétrole brut per capita parmi les plus élevées au monde.

Et quand en avril 2024 Georgetown a attribué un nouveau contrat au groupe américain, Caracas a qualifié d'"illégale" la licence d'exploitation du bloc Stabroek.

Samedi, la diplomatie du président vénézuélien Nicolas Maduro a jugé "inacceptable" que "le Guyana ait un territoire sur lequel il y a un différend et, pire encore, qu'elle ait une mer en attente de délimitation" et "accorde des concessions illégales pour l'exploitation des ressources énergétiques".

- "Inacceptable" pour Washington -

Les Etats-Unis, allié majeur de Georgetown, ont réagi en qualifiant l'incursion du navire vénézuélien d'"inacceptable" et de "violation claire du territoire maritime internationalement reconnu du Guyana".

"Toute nouvelle provocation aura des conséquences pour le régime de Maduro", a averti Washington dans un message sur X.

Le président du petit Etat sud-américain a lui tenu à souligner que son pays "reste attaché à la paix et à l'État de droit".

"Nous continuerons à rechercher des solutions diplomatiques, mais nous ne tolérerons pas les menaces contre notre intégrité territoriale", a déclaré M. Ali.

Le Venezuela a assuré de son côté qu'il "demanderait immédiatement la convocation du mécanisme Argyle", établi par un document signé entre Caracas et Georgetown.

A l'issue d'une réunion le 14 décembre 2023, MM. Ali et Maduro avaient convenu que leurs pays n'utiliseraient "la force l'un contre l'autre en aucune circonstance", que ce soit "directement ou "indirectement".

L'incident de samedi fait suite à un autre survenu le 17 février, quand les Forces de défense du Guyana (GDF) ont annoncé que six de leurs soldats avaient été blessés dans une embuscade de membres présumés d'un gang criminel vénézuélien.

L'incident, que Caracas a qualifié de "vile machination", coïncidait avec le 59e anniversaire de la signature de l'accord de Genève, que le Venezuela a conclu avec le Royaume-Uni en 1966 (avant l'indépendance du Guyana) et qui établit les bases d'une solution négociée au conflit territorial.

Un accord que le Guyana rejette: il a demandé à la Cour internationale de justice (CIJ) de ratifier un arbitrage de 1899 qui avait fixé les frontières contestées et que l'accord de Genève avait annulé.

str-mbj/jt/mel/arm/def/dth

Ajouter un commentaire