- Connaissance des Énergies avec AFP
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Protestant contre un "refus de communication" du gouvernement, le député PS Philippe Brun s'est rendu vendredi à Bercy pour examiner des documents sur la renationalisation d'EDF engagée par l'exécutif, une visite qualifiée de "procédure usuelle" par le ministère.
"C'était dans une salle sécurisée et insonorisée. J'avais prévenu de ma venue le matin par courtoisie républicaine. Ils m'attendaient et ont ouvert les portes même si l'ambiance était parfois tendue", a raconté le parlementaire interrogé par l'AFP à la sortie du ministère des Finances. "Mon inquiétude, c'est que le gouvernement ait retiré EDF de la cote boursière pour être tranquille pour un démantèlement" du groupe, a-t-il affirmé.
Le député de l'Eure redoute que le gouvernement n'ait pas véritablement renoncé à un projet de restructuration en profondeur du groupe, baptisé "Hercule", combattu par les syndicats et que l'exécutif a suspendu. Accueilli par le commissaire aux participations de l'État Alexis Zajdenweber, Philippe Brun a pu viser deux heures durant des notes adressées aux ministres ou une analyse des banques Goldman Sachs et de la Société générale à propos de l'opération de renationalisation, a-t-il assuré.
Membre de la commission des Finances, l'élu socialiste est rapporteur spécial sur les participations de l'État dans les entreprises et doit présenter un rapport le 10 novembre dans le cadre de l'examen du budget de l'État. À ce titre, ce magistrat administratif de profession a mené un "contrôle sur pièces et sur place" au ministère des Finances, pour réclamer des éclaircissements au sujet d'EDF.
L'élu attend le 10 novembre pour dire si sa visite à Bercy et les documents qu'il va recevoir d'ici là ont confirmé ses craintes. Un tel contrôle sur place est une des prérogatives des rapporteurs spéciaux de l'Assemblée. Avant sa visite, Philippe Brun avait reproché au gouvernement de "refuser" de lui transmettre "informations" et documents, "malgré de multiples relances".
Du côté de Bercy, on indique avoir répondu par écrit à une série de questions du parlementaire les 10 et 17 octobre et on mentionne l'audition du commissaire Alexis Zajdenweber par Philippe Brun le 18 octobre.
L'agence des participations de l'Etat explique avoir accueilli le député vendredi "selon la procédure usuelle en ce cas et il a pu accéder à un certain nombre de documents qui répondaient à ses demandes, dans un cadre normé mais transparent".
"L'APE veille à entretenir des relations constructives avec le Parlement et répond à toutes les sollicitations qui lui parviennent en conformité avec les prérogatives des parlementaires et dans la limite du secret des affaires qui s'impose sur certaines de ses activités", ajoute-t-elle.
L'État a officiellement lancé le 4 octobre le processus de renationalisation d'EDF, une opération à 9,7 milliards d'euros voulue par le gouvernement pour relancer un vaste programme nucléaire.
L'opération vise à racheter aux autres actionnaires les 16% du capital que l'Etat ne détient pas, au prix de 12 euros par action. Elle intervient à un moment critique pour EDF, avec un montant record de 60 milliards d'euros de dette attendu à la fin de l'année. En cause, l'écroulement de sa production électrique, conséquence de l'indisponibilité d'une partie de son parc nucléaire, et l'application du bouclier tarifaire, qui protège les Français de hausses trop importantes du prix de l'énergie.
