Vie pratique: le bruit des éoliennes peut annuler une vente

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Le bruit de nouvelles éoliennes peut justifier l'annulation de l'achat d'une maison si l'acquéreur la réclame. L'acquéreur, confronté à cette nuisance, peut en effet invoquer sa propre erreur d'appréciation qui a vicié son consentement, surtout s'il s'est montré préoccupé par l'environnement avant d'acheter, juge la Cour de cassation.

Bien que personne ne soit fautif, l'erreur d'une des parties entraîne un défaut de son consentement qui justifie la remise des choses dans leur état antérieur, c'est-à-dire la restitution réciproque de la maison et de son prix, admettent les juges. La construction d'éoliennes n'étant pas une question d'urbanisme, elle peut ne pas être signalée à ce titre au futur acquéreur qui chercherait à s'informer à la mairie sur les projets d'urbanisme, observent les juges.

Ce futur acquéreur ne peut donc pas se plaindre qu'elle ne lui ait pas été signalée. Il lui aurait fallu poser précisément la question d'un projet d'implantation d'éoliennes. Mais quoi qu'il en soit, même informé du projet, le vendeur pouvait commettre une erreur quant à l'importance de ses conséquences. En somme vendeur, acquéreur, notaire et administrations sont excusables puisque, tout en connaissant le projet, personne ne pouvait imaginer l'ampleur des nuisances. Ce n'est qu'à leur apparition que l'acquéreur a pu constater que s'il avait su, il n'aurait pas acheté. (Cass. Civ 3, 29.6.2017, Z 16-19.337).

Commentaires

Lecteur StM
Il faut casser la cassation ! C'est incroyable. Certes le principe de la sécurité juridique --principe clef dans les pays "civilisés"-- peut supporter quelques accommodements et quelques exceptions, le droit civil, le droit commercial et la lex mercatoria entre autres le prévoient dans quelques cas. Mais organiser (et théoriser) l'insécurité juridique comme semble le faire cette décision, est proprement incroyable ! Voilà qui ne va pas rendre plus populaire les éoliennes (pour la petite histoire), et de manière plus générale et plus sérieuse restreindre terriblement le nombre de transactions de toutes sortes si le droit permet dorénavant à un acquéreur "devenu" mécontent, pour une raison ou pour une autre, de plaider (jusqu'à quand) l'erreur de bonne foi (quelle preuve) et de dénouer (et comment) une transaction pourtant légale et librement consentie. Mais qu'est-ce qui peut bien inspirer une telle décision ?
Vent Libre
Ce qui inspire cette décision, c'est peu-être la reconnaissance que l'achat d'un bien comprend aussi les qualités de l'environnement où il se situe, une sorte de bien commun qui se trouve brusquement altéré et dont l'importance n'est plus minimisée
Lecteur St M
@ Vent libre: ce n'est pas du tout mon propos. L'environnement n'a rien à voir ici avec l'analyse du problème juridique: quel que soit l'objet de l'acte juridique et du contrat (achat vente d'un appartement, d'une maison, d'une voiture, d'un livre, un mariage, la reconnaissance d'un enfant, un contrat de travail etc etc ...), pendant combien de temps (et à quelles conditions) va -t-on autoriser un acheteur (ou un vendeur) disant s'être "trompé de bonne foi" à annuler son achat ou sa vente .... C'est ça que semble autoriser cette décision judiciaire: la remise en question étonnante d'une transaction pour des raisons étonnantes et dans des conditions étonnantes. Plus de sécurité juridique .... C'est pourquoi il faudrait "casser la cassation". En l'espèce, je dois confesser que n'étant guère favorable à l'énergie éolienne (qui chez, nous, il faut bien l'admettre, ne sert pas à grand chose sauf à rémunérer à bon compte des promoteurs habiles), sur le fond, cette décision m'amuse.
Vent Libre
Il n'est pas certain que cela puisse s'appliquer à d'autres cas de figure que celui évoqué ou similaires, on peut supposer qu'il y aura une évolution du cadre habituel, plus protecteur pour l'acheteur

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