Nucléaire : Rolls-Royce veut construire une dizaine de SMR au Royaume-Uni

SMR Rolls-Royce

L'assemblage du SMR de Rolls-Royce sur site pourrait durer « 500 jours ». Entre le début de la construction d'un site et sa mise en service, Rolls-Royce prévoit un délai total de seulement 4 ans. (©Rolls-Royce)

Le groupe britannique Rolls-Royce a confirmé le 24 janvier(1) son ambition de construire 10 à 15 petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR) au Royaume-Uni. Il envisage de mettre en service le premier d’entre eux en 2029.

Un réacteur à eau pressurisée de 440 MW

Le SMR envisagé par Rolls-Royce est un petit réacteur à eau pressurisé (par rapport aux REP en service(2), « le design actuel a été adapté » sans rupture technologique ) de 440 MW de puissance (contre près de 1 600 MW pour chacun des deux EPR d’Hinkley Point C(3)), une capacité « suffisante pour alimenter en électricité une ville de la taille de Leeds »(4) selon Rolls-Royce.

Le groupe britannique précise que son SMR sera conçu pour une durée d’exploitation de 60 ans. Il ambitionne de réduire le coût par réacteur à « 1,8 milliard de livres, une fois les 5 premières tranches construites ». Ses SMR seront fabriqués « sur des chaînes de montage », puis livrés sur site « en morceaux à l’arrière de camions » et assemblés sur site afin d’en réduire sensiblement les coûts. Rolls-Royce ambitionne in fine que le coût de production de ces SMR soit inférieur à 60 £/MWh, de manière à les rendre « compétitifs en matière de prix avec les filières renouvelables comme l’éolien offshore ».

SMR Rolls-Royce
La superficie du bâtiment du SMR équivaudra à celle de « 1,5 terrain de football », précise Rolls-Royce. L’ensemble d’un site (avec les bâtiments annexes) pourrait couvrir une surface au sol totale de près de 10 acres, soit l’équivalent de 6 terrains de football (« un 16e de la taille d’une grande station comme Hinkley Point »). (©Rolls-Royce)

Un consortium incluant le groupe français Assystem

Pour son projet de développement de SMR, Rolls-Royce est à la tête d’un consortium, dont font partie l’entreprise française Assystem (l’une des principales sociétés d’ingénierie nucléaire dans le monde(5)) mais aussi BAM Nuttall, Laing O’Rourke, National Nuclear Laboratory (NNL), Atkins, Wood, The Welding Institute (TWI) et Nuclear AMRC.

Les réacteurs de Rolls-Royce ont vocation à être en priorité installés sur les sites d’anciennes centrales nucléaires. Deux sites ont en particulier été identifiés au Pays-de-Galles et dans le nord-ouest de l’Angleterre. Selon Rolls-Royce, son programme de déploiement de SMR pourrait créer d’ici à 2050 « près de 40 000 emplois, générer 52 milliards de livres pour l’économie britannique et ouvrir un marché à l’export de près de 250 milliards de livres ».

Le consortium a d’ores et déjà reçu un soutien public de 18 millions de livres de UK Research and Innovation (UKRI) en novembre 2019(6) qui doit servir à « préparer le programme pour le processus réglementaire d’évaluation et prendre des décisions finales sur les innovations à développer ».

Précisons que Rolls-Royce travaille depuis les années 1990 dans le secteur nucléaire et a déjà déposé plus de 35 brevets sur des éléments de son SMR. Le groupe met en avant l’intérêt pour le Royaume-Uni de s’appuyer sur la filière nucléaire dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique (avec notamment l'objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050). Pour rappel, le Royaume-Uni dispose actuellement d’un parc de 15 réacteurs nucléaires, qui compte pour un peu moins d’un cinquième de la production annuelle d’électricité dans le pays.

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