Éolien, nucléaire, fossiles : les programmes de Marine Le Pen et Emmanuel Macron

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Renoncer aux éoliennes, tel que le prône la candidate à l'élection présidentielle Marine Le Pen, n'est pas une option possible si la France veut sécuriser son approvisionnement énergétique et lutter contre le réchauffement climatique, soulignent les analystes.

Nécessaires éoliennes

Les renouvelables, surtout les éoliennes, sont un point fort de divergence entre les deux finalistes de la présidentielle. Emmanuel Macron défend "la multiplication par 10 de notre puissance solaire et l'implantation de 50 parcs éoliens en mer d'ici 2050". Il veut en revanche ralentir l'éolien terrestre, en se limitant à doubler les capacités (soit quelque 40 gigawatts), et sur 30 ans plutôt que 10 ans.

Marine Le Pen propose dans son programme "un moratoire sur la construction de toute nouvelle éolienne, sur terre ou mer" dès ce printemps, et le début progressif de leur "démantèlement". Mais cette promesse se heurte à tous les scénarios de transition énergétique: même en cas de relance du nucléaire, il faudra un essor massif des renouvelables, si la France veut rester dans les clous de l'accord de Paris sur le climat.

"Un moratoire sur les énergies renouvelables rend impossible la réindustrialisation et le respect des trajectoires climatiques à compter de la décennie 2030", souligne le gestionnaire du réseau électrique RTE dans son épais rapport sur l'avenir du système français.

Dans les six scénarios élaborés par RTE, la France, pour assurer sa sécurité électrique et atteindre la neutralité carbone, ne peut pas se passer d'éolien, et en 2050 les renouvelables dominent. Même dans celui où le nucléaire est poussé à fond, l'éolien terrestre doit voir sa capacité multipliée par 2,5. L'éolien en mer devra atteindre au moins 22 GW (pas loin de 30 parcs), dans l'option la plus "nucléarisée", voire jusqu'à 62 GW.

Avec un moratoire, la France serait amenée à importer plus d'électricité, notamment en hiver, issue surtout de centrales thermiques fossiles (au gaz...) européennes, note RTE.

Sur fond de parc nucléaire vieillissant, elle viendrait ensuite vite à manquer d'électricité bas-carbone pour couvrir ses besoins grandissants en raison de nouveaux usages (voitures électriques, industrie, chauffage). Et ce n'est pas l'hydraulique (déjà 12% de l'électricité) qui compenserait, la France ne pouvant guère construire plus de barrages.

Pas de miracle nucléaire

Les deux candidats veulent construire de nouveaux réacteurs nucléaires, mais divergent sur le nombre et le rythme.

Le président sortant souhaite la construction de six réacteurs de nouvelle génération EPR2, avec une première mise en service à l'horizon 2035. Il a aussi annoncé une étude pour huit de plus.

Marine Le Pen en veut une vingtaine et plus rapidement : "dès mon arrivée à l'Elysée, 5 paires d'EPR seront lancées pour une livraison à partir de 2031 et 5 paires du nouveau design EPR2 pour livraison à partir de 2036". Mais cette proposition dépasse ce que les industriels s'estiment capables de faire. Un rapport d'audit réalisé pour l'État parle d'un premier EPR2 "à l'horizon 2037".

Alors qu'EDF accuse plus de dix ans de retard sur son premier EPR français, toujours en chantier, la France n'est à ce jour pas en capacité de construire des réacteurs au même rythme que durant les années 1980: RTE a retenu comme hypothèse haute la construction de 14 EPR d'ici 2050, "le rythme le plus haut indiqué par la filière nucléaire française".

La candidate du RN souhaitait aussi en mars redémarrer la centrale de Fessenheim, "puisqu'il semble que ce soit encore possible", ce que contredisent EDF comme l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour des raisons industrielles et de sécurité.

Le retour aux fossiles ?

M. Macron veut faire de la France la première nation "à sortir du pétrole, du gaz et du charbon", sans toutefois donner de précision sur cet objectif ambitieux.

Le programme de Mme Le Pen n'évoque pas spécifiquement une sortie des énergies fossiles. La candidate propose en revanche une baisse de la TVA sur l'essence, fioul et gaz.

In fine, ce programme "conduirait à un renforcement de notre dépendance aux énergies fossiles", selon le consultant Nicolas Goldberg, auteur d'une note pour Terra Nova. "Ce ne sera pas seulement le climat qui en pâtira mais également le pouvoir d'achat, car cette crise des énergies fossiles ne ferait que s'empirer sous son mandat... pour le plus grand bonheur des pays producteurs de gaz et de pétrole", estime-t-il, sur fond de flambée des prix des hydrocarbures.

Commentaires

Serge Rochain
Le Pen est encore plus tartuffe que Macron sur ce plan énergie. Macron sous-estime le nécessaire en jouant petit bras du coté éolien en mer. Il suffit de regarder sur ne serait-ce qu’un an les cartes vent publiées par météo France pour constater que la richesse éolienne est en mer jusqu’à 50 Km des côtes. Mer du Nord de la Belgique au cap Gris-nez 60 km, Manche du cap Cris-nez à la pointe Saint-Mathieu 1 060 km, Océan Atlantique de la pointe Saint-Mathieu à l’Espagne 615 km, Méditerranée de l’Espagne à l’Italie 1 385 km. Corse 1 050 km, soit un total de longueur de côtes de 4 170 km ! Avec ses 50 parcs en mer Macron nous en plante un tous les 80 Km alors que rien ne s’oppose à doubler ce nombre d’autant plus qu’avec l’étalement dans la durée jusqu’à 2050 les éoliennes se généraliseront en puissance de 15MW et peut être même plus. Ce qui fait qu’avec des parcs d’une centaine d’éoliennes avec des parcs avec des façades de 10 éoliennes sur 10 et 2 Km entre chaque éolienne soit des façades 18 Km pour chaque parc, les espaces entre parcs seraient encore de 60 Km ! Il y a bien de quoi doubler ce nombre de 50 parcs. Mais chaque parc sera d’une puissance voisine de celle d’un EPR, ce qui fait qu’avec un facteur de charge de 50% c’est plus que la production d’un réacteur nucléaire de 900 MW avec un facteur de charge de 70% largement surestimé puisqu’en 2020 celui du parc français n’a été que de 61%.. Donc même avec seulement 50 parcs de 100 éoliennes de 15 MW chacune on a déjà la production de plus de 50 réacteurs nucléaires. Le foisonnement aidant on pourrait pratiquement se passer de toutes autres solutions avec une centaine de parcs plus de 350 jours par an. Pour Le Pen, « Avec un moratoire, la France serait amenée à importer plus d'électricité, notamment en hiver, issue surtout de centrales thermiques fossiles (au gaz...) européennes, note RTE. » RTE se fourre le doigt dans l’œil en s’imaginant que nous voisins vont continuer à produire avec du fossile en 2050, ils seront tous bien mieux équipés que nous en production renouvelable, car eux, n’y vont pas à reculons ! « La candidate du RN souhaitait aussi en mars redémarrer la centrale de Fessenheim, "puisqu'il semble que ce soit encore possible", ce que contredisent EDF comme l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour des raisons industrielles et de sécurité. » Il est claire que Madame Le Pen sait mieux que les industriels du domaine ce qu’il est possible de faire, elle raconte n’importe quoi pour partir à la pêche des voix de tous les idiots qui n’arrêtent pas de réclamer cette réouverture en ignorant qu’EDF n’avait pas fait les mise à niveau exigées par la 4em visite décennale parce qu’EDF n’est pas assez bête pour se payer un an de travaux minimum pour faire cette mise à niveau sur des réacteurs qui devaient être arrêtés. On voit de tout dans ces promesses de menteurs ou d’incompétents, mais plus probablement les deux à la fois.

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