Hydroélectricité : une consultation publique pour sortir du contentieux avec Bruxelles

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Investissements dans l'hydroélectricité

Le gouvernement a lancé une consultation publique sur l'hydroélectricité, deuxième source de production électrique en France derrière le nucléaire, afin de relancer les investissements dans le secteur en soldant un différend avec la Commission européenne qui les bloquent depuis plus de dix ans.

Un blocage des investissements depuis plus de 10 ans

"En lien avec la Commission européenne et les parlementaires, le gouvernement mène des travaux pour solder ce précontentieux" qui "bloque depuis plus de dix ans les investissements hydroélectriques", annonce Bercy dans un communiqué vendredi.

Il a lancé le 22 mai cette consultation dont les résultats "permettront d'éclairer les options pour faire évoluer le régime juridique de l'hydroélectricité".

Cette annonce fait suite à la remise d'un rapport d'une mission parlementaire d'information mi-mai préconisant de résoudre le différend avec Bruxelles, qui empêche tout investissement substantiel dans le parc hydroélectrique.

Le parc hydroélectrique contribue non seulement à la production énergétique, mais constitue aussi un important outil de flexibilité pour le système électrique français et européen, grâce aux capacités de stockage des barrages, relève le rapport.

Une consultation jusqu'au 15 juin

Aujourd'hui, les installations hydroélectriques en France sont exploitées sous le régime de la concession, c'est-à-dire que les ouvrages appartiennent à l'État qui en confie l'exploitation à un concessionnaire pendant une durée définie par contrat.

Mais ce régime est à l'origine du blocage avec la Commission du fait de l'absence de remise en concurrence des concessions échues.

La consultation vise à évaluer l'intérêt des acteurs pour des produits représentant des capacités hydroélectriques virtuelles permettant aux acheteurs de bénéficier de volumes d'énergie via des enchères concurrentielles, précise le ministère.

Plusieurs types de produits sont proposés, avec notamment des temporalités variables. L'ensemble des acteurs de l'énergie sont invités à répondre à cette consultation d'ici le 15 juin 2025, indique Bercy. "Les contributions éclaireront les options à l'étude afin de réformer le secteur hydroélectrique et de relancer les investissements", ajoute le ministère.

Commentaires

BrigitteMB
Le système précédent fonctionnait bien et au service de tous (sauf depuis qu'il est bloqué par l'UE). Est-il vraiment indispensable de marchandiser ce service public indispensable à l'équilibre de notre production, et pour ce faire de construire une usine à gaz qui ne fonctionnera probablement pas mieux que le lamentable "marché de l'électricité" et ses prix absurdes ? Quand donc la Commission Européenne admettra-t-elle enfin la notion de service public ? Si la Commission veut rendre les citoyens anti-européens, elle prend les bons moyens.
Michel. J
Je partage complètement votre position. La mise en concurrence ou la privation n'a pas que des avantages(ex: autoroutes) Même pour l'état...
Garlaban
Du côté français, il faudrait montrer un peu plus d'énergie contre la Commission. De Gaulle avait montré la voie en son temps: la politique de la chaise vide. Certes, de la part de Malte, ç'aurait un impact discret. Mais autre chose de la part de la France. Et si tout simplement, on désobéissait ?
Barbé
La production hydroélectrique est un bien inaliénable: La pluie et la neige qui remplissent d’eau les retenues, et la géographie des lieux qui créent les conditions des différences d’altitude qui la permettent. Ce ne sont que les premiers éléments d’un tout non cessible par nature. La discussion est close avant de commencer. On n’a pas s’installer autour d’une table de négociation quand il n’y a rien à négocier.
Inwaterwetrust
Qui peut nier l'intérêt de remettre en cause les concessionnaires ,car il s'agit bien de cela,de la même manière que le concessionnaire de distribution d'eau potable de votre commune à très certainement été remis en concurrence, il s'agit de faire de même pour les barrages hydro. L expérience montre que la conclusion de contrats avec le même fournisseur dansla durée conduit à des dérives notamment de prix ,n'est-ce pas l'intérêt de tous de changer sous conditions de respect de cahier des charges strictement surveillé.?
Attia jean-jacques
si vous cherchez des gens qui nient l'intérêt de la "proposition" de Macron, vous avez au moins moi. Cette proposition permettra aux gros porteurs de capitaux d'accaparer un peu plus de profits : ce sont les seuls à pouvoir faire les propositions les plus basses , dans un premier temps. Après vous aurez une gestion style Nestlé . Comment peut-on encore croire la concurrence libre et non faussée ?
BrigitteMB
On a vu ce que la "concurrence" a donné pour les prix de l'électricité ! On ne peut pas raisonner pour l'électricité comme pour des biens stokables où les prix peuvent être lissés. Le résultat sera d'échanger des concessionnaires historiques et locaux il me semble (*), contre des concessionnaires privés uniquement préocuppés d'en tirer un maximum. Compter sur eux pour faire et financer les travaux indispensables me semble osé. Et je parierais que lors de besoins de production ce sera celui qui pourra payer le plus cher qui l'emportera (c'est bien pourquoi l'Allemagne, qui a très peu d'hydroélectricité, tient tellement à ce que les concessionnaires changent en France), et notre réseau en fera les frais. Mais je ne demande qu'à être démentie par des faits. (*) nombre de barrages ont été construits dans les débuts des chemins de fer électriques pour les alimenter, je me trompe ? Les concessions sont sans doute arrivées avec la nationalisation de l'électricité et la création d'EDF ?
BrigitteMB
PS : Donc bien sûr je pense que la mise en concurrence de nos barrages serait une très mauvaise nouvelle pour le système électrique de la France.
Lecteur 13
La concurrence entre les acteurs de l'économie, je suis farouchement pour. Pour les producteurs d'énergie, je suis encore plutôt pour. Mais j'ai compris qu'aujourd'hui, s'agissant précisément de l'énergie hydro-électrique, les barrages constituent bien plus un moyen de gestion de l'offre/demande d'énergie mise à mal de manière de plus en plus sérieuse, voire spectaculaire, par le développement de sources d'énergies intermittentes. Il peut donc sembler raisonnable de ne pas multiplier les acteurs de cette fonction de gestion +/- marginale de l'offre/demande, sauf à affaiblir celle-ci. Je comprends en outre qu'un gestionnaire de barrage ne gère pas seulement l'électricité qu'il met sur le marché: il gère également l'ensemble des activités pratiquées tout le long d'une rivière ... Il faut à cette rivière un seul et unique "ouvreur de robinet", pas trente-six. Ainsi un partisan assez farouche de la concurrence devient plutôt, s'agissant de nos barrages, plutôt raisonnable. La bureaucratie européenne devrait pouvoir écouter le message et convenir qu'en effet, ici, les adversaires de la concurrence ne sont pas totalement stupides ... Il faut se parler pour convaincre les uns et les autres ...

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