- Connaissance des Énergies avec AFP
- parue le
Le directeur général de BP Bob Dudley, qui a mené le géant pétrolier britannique en pleine crise de la marée noire de Deepwater Horizon, va quitter ses fonctions en 2020, une décennie après la catastrophe environnementale.
M. Dudley, américain de 64 ans, passera le relai à l'irlandais Bernard Looney après la parution des résultats annuels le 4 février puis quittera le groupe le 31 mars, précise un communiqué.
M. Looney, un Irlandais de 49 ans, dirige actuellement les activités d'exploration et forage du groupe où il est entré en 1991. Il prendra ses fonctions le 5 février et rejoindra le conseil d'administration le même jour.
Bob "a été nommé directeur général au moment probablement le plus difficile de l'histoire de BP", la marée noire causée dans le Golfe du Mexique par l'explosion de sa plateforme Deepwater Horizon, souligne le président du conseil d'administration Helge Lund, cité dans le communiqué.
La plateforme Deepwater Horizon qui était exploitée par BP a explosé le 20 avril 2010, un accident qui a causé la mort de 11 personnes. Entre amendes, indemnisations des victimes et nettoyage des côtes, le coût total avant impôt de ce désastre environnemental, le pire de l'histoire des États-Unis, s'élève à ce jour à quelque 70 milliards de dollars pour BP.
M. Dudley "a mené le groupe pendant qu'il se remettait de l'accident, a rendu BP plus solide, plus sûr et l'a aidé à regagner sa position en tant que l'un des leaders du secteur énergétique"', a ajouté le président du conseil d'administration.
Cet américain originaire du sud du pays avait succédé au britannique Tony Hayward, qui avait d'abord minimisé la marée noire, provoquant l'ire de Washington et de la population locale. M. Dudley avait su faire preuve de plus d'empathie et diplomatie.
Un événement comme la marée noire "vous secoue jusqu'aux fondations. Et vous avez deux façons de réagir: l'une est de prendre ses jambes à son cou et de se cacher. La seconde est de faire face et de changer réellement la culture de la compagnie et de s'assurer que tous les contrôles sont en place, pour faire en sorte que cela ne se reproduise plus", avait-il notamment déclaré en 2010.
À propos de son successeur Bernard Looney, Helge Lund souligne qu'il a "une grande expérience du secteur énergétique, a grimpé les échelons chez BP, a toujours fourni de solides performances en termes de sûreté, opérations et finances. C'est un dirigeant véritable, progressif, (...) avec une idée claire de ce que BP doit faire pour prospérer pendant la transition énergétique".
M. Looney, qui a commencé sa carrière chez BP en tant qu'ingénieur de forage, a notamment amélioré la diversité dans ses équipes, avec "un tiers de femmes parmi les dirigeants de ses équipes régionales et un tiers originaires d'autres pays que le Royaume-Uni et les Etats-Unis", dans une industrie encore très masculine, souligne le communiqué.
Il a aussi mis en place un programme de détection de méthane, un gaz émis lors du forage d'hydrocarbures et quelque dix fois plus nocif en termes de réchauffement climatique que le CO2.
M. Looney percevra un salaire d'1,3 million de livres par an (1,46 million d'euros) et des bonus ou parts variables de salaires dont le montant n'est pas précisé. En 2018, le géant britannique avait quasiment triplé son bénéfice net, à 9,4 milliards de dollars, et Bob Dudley avait perçu une rémunération totale de 14,7 millions de dollars.
Ce dernier a qualifié de "privilège d'une vie d'avoir servi cette entreprise et d'avoir travaillé dans ce secteur pendant les quatre dernières décennies" et s'est dit "immensément fier des choses que nous avons accomplies ensemble pour apporter de l'énergie au monde".
L'action de BP était en hausse de 1,14% à 490,45 pence, et a cédé environ 1% depuis le début de l'année.

