Rénovation énergétique des bâtiments : la Cour des comptes étrille la politique du gouvernement

  • AFP
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Insuffisante, imprécise, difficilement compréhensible, voire incohérente : la Cour des comptes a publié vendredi une sévère note de référé, datée du 28 juillet, étrillant la politique du gouvernement en matière de rénovation énergétique des bâtiments, à laquelle la Première ministre a promis en réponse de se conformer.

"La Cour constate une cohérence insuffisante dans l'articulation" des politiques publiques de rénovation énergétique des bâtiments, souligne-t-elle dans ce texte dont l'AFP a reçu copie.

La notion même de rénovation reste "imprécise" et les "réformes fréquentes" du secteur ont nui "à la lisibilité" des dispositifs mis en place, ajoute la Cour des comptes.

Elle pointe notamment des "incohérences" entre administrations, comme par exemple "les règles d'urbanisme" qui conduisent les services déconcentrés du ministère de la Culture ou certaines collectivités territoriales à "interdire les travaux de rénovation énergétique dans les centres-villes ou aux abords des monuments historiques".

"Il manque à la politique de rénovation énergétique des bâtiments un pilotage fort et efficace et un service public de l'accompagnement efficient sur l'ensemble du territoire national", déplore la Cour.

Dans sa réponse écrite, mise en ligne par la Cour, la Première ministre Elisabeth Borne fait valoir le resserrement du pilotage effectué depuis janvier avec le lancement d'un service public de la rénovation de l'habitat France Renov', qui offre selon elle "une information, un conseil et un accompagnement neutres et indépendants".

"1 800 conseillers France Renov', répartis dans plus de 500 Espaces conseil, accueillent nos concitoyens partout sur le territoire national pour répondre à leurs questions et les aider dans leurs projets", affirme Mme Borne.

La Cour des comptes estime pour sa part que cette nouvelle entité "n'a pas encore permis de clarifier les rôles et les missions des différentes structures".

"Des efforts doivent encore être réalisés afin de poursuivre la simplification du cumul des aides entre elles, et consolider la cohérence du système dans son ensemble autour des aides à l'investissement axées vers les travaux les plus efficaces et privilégiant les ménages les plus modestes", admet d'ailleurs la Première ministre dans sa réponse.

Elle promet le déploiement d'un "parcours simplifié" pour fin 2022, permettant de "coupler le bénéfice de MaPrimeRénov' et l'éco-prêt à taux zéro" et assure que son gouvernement compte "aboutir en 2024 sur un système encore plus simple, plus lisible, et qui incite davantage à la réalisation de rénovations énergétiques performantes et globales".

Cet échange intervient après la dénonciation par la Défenseure des Droits le 17 octobre de "graves dysfonctionnements sur le mécanisme public d'aide" à la rénovation énergétique MaPrimeRénov', mis en place en 2020 et piloté par l'Agence nationale de l'habitat (Anah).

Ce dispositif vise à aider les Français modestes à rénover leur logement pour réduire leur consommation d'énergie et leurs émissions de CO2, mais les démarches en ligne sont émaillées de nombreux dysfonctionnements dénoncés par la Défenseure des Droits.

Commentaires

Schricke

En ce qui concerne les immeubles collectifs, l'approbation de certains travaux d'isolation (relativement coûteux) par les AG reste très difficile, voire impossible à obtenir.
Par ailleurs, le manque de rigueur des "expertises" DPE, dénoncées par plusieurs institutions (dont association "que choisir") dessert cette procédure, en laquelle plus personne n'accorde la moindre confiance. C'est du "grand n'importe quoi !
Enfin, dans un immeuble collectif, aucun dispositif n'encourage la moindre initiative individuelle....
Dans ces conditions, la progression risque d'être très lente !

Zamur

La méthodologie actuelle de DPE interdit au diagnostiquer de se baser sur les consommations réelles. Pourtant, dans un immeuble collectif homogène, la moyenne des consommations des trois derniers saisons de chauffage, divisée par la surface chauffée donne une bonne base. Le diagnostiquer devrait annoncer des chiffres proches, dans une plage de +/- 10 % de cette base. En réalité les logements peuvent obtenir des résultats très différents.

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